Le gouvernement abandonne les services de garde en milieu familial

Courtoisie Conseil central de Lanaudière-CSN

Le découragement est total chez les responsables des services de garde (RSG) en milieu familial, alors qu’un seul constat peut être tiré des dernières offres du ministère de la Famille : le réseau est tout simplement abandonné.

C’est le sentiment que partagent les membres du Syndicat des travailleuses de garde en milieu familial aux Portes du matin CSN et du Syndicat des travailleuses en service de garde de Lanaudière CSN ainsi que les 3 000 RSG de partout au Québec affiliées à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN). Ceux-ci annoncent donc la tenue d’une grève nationale, le 18 juin prochain.

Le réseau s’effondre progressivement

Depuis le début de l’année, des centaines de femmes ont décidé de cesser leurs activités et fermer définitivement leurs opérations. Pour la majorité d’entre elles, c’est le manque de reconnaissance de leur travail qui les a poussées à bout.

Sur le terrain, on le constate, c’est le découragement total. Nous faisons près de 60 heures par semaine et toute proportion gardée, nous gagnons moins que le salaire minimum. Pour soutenir notre réseau, nous avons eu l’extravagante idée de demander une rémunération comparable à une éducatrice en CPE non formée et au premier échelon salarial ! On ne demande pas de privilège, on demande l’équité, car nous travaillons très fort quotidiennement pour offrir des milieux de qualité et pour répondre aux exigences du gouvernement. Le 18 juin, nous ferons donc la grève pour dénoncer l’attitude de fermeture totale du gouvernement. On se demande même s’il ne souhaite pas la disparition du réseau », explique d’une même voix Martine Rondeau et Shany Leblanc, toutes deux respectivement présidentes du Syndicat des travailleuses de garde en milieu familial aux Portes du matin CSN et du Syndicat des travailleuses en service de garde de Lanaudière CSN.

Une infrastructure socioéconomique menacée

Chaque matin, le réseau des services de garde en milieu familial accueille plus de 90 000 enfants et aide autant de parents qui peuvent compter sur une conciliation travail-famille qui répond à leurs besoins.

Pour Patricia Rivest, présidente du Conseil central de Lanaudière – CSN, « il s’agit d’une des plus importantes infrastructures socioéconomiques que nous avons collectivement. C’est un réseau qui joue un rôle crucial dans l’accès au marché du travail pour les parents du Québec. C’est un réseau qui favorise le développement des tout-petits. C’est aussi un réseau soutenu par des femmes qui font face à un choix complètement indigne : cesser de travailler ou continuer à s’appauvrir en acceptant l’offre du ministère de la Famille », ajoute-t-elle.

Le Ministère propose ainsi une augmentation de la rémunération sous l’inflation. En d’autres termes, les RSG devront elles-mêmes combler l’écart entre la hausse du coût de la vie et la hausse minime de leur rémunération.

Les exigences du Ministère ne cessent d’augmenter, les tâches s’ajoutent et nous répondons à l’appel. Cependant, il est grand temps que notre travail soit valorisé à la hauteur de nos efforts. Pour cela, le Ministère doit bonifier notre rémunération », concluent les deux présidentes des syndicats.

Rappelons en terminant que les ressources de garde en milieu familial ont largement contribué l’effort collectif en maintenant pour la plupart d’entre elles des services de garde d’urgence pendant la pandémie. Ainsi, plusieurs parents requis au travail pour le maintien de services essentiels à la population ont pu bénéficier de services de garde pour leurs enfants.

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs de garde en milieu familial aux Portes du matin et le Syndicat des travailleuses de garde en milieu familial de Lanaudière représentent près de 150 responsables de garde en milieu familial des MRC de Matawinie et d’Autray. Ils sont affiliés à la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN et au Conseil central de Lanaudière – CSN.