Un extrait de canneberge pour aider le microbiote et contrer les maladies cardiométaboliques 

Courtoisie Université Laval - photo Pexels

Un extrait de canneberge améliorerait le microbiote intestinal et pourrait aider à prévenir des maladies chroniques, tel le diabète, et les maladies cardiovasculaires. L’étude de l’Université Laval et de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) a montré des effets bénéfiques après seulement quatre jours d’utilisation. 

Les canneberges et les petits fruits sont associés à de multiples bienfaits pour la santé, principalement attribués à leur teneur élevée en polyphénols, sous forme de tannins. Ils contiennent également de fortes concentrations d’oligosaccharides, de petites fibres, qui contribueraient à leur bioactivité. 

L’équipe de recherche, dirigée par Yves Desjardins, professeur à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, a montré que les polyphénols et les oligosaccharides présents dans l’extrait de canneberge stimulent entre autres le genre bactérien Bifidobacterium, associé à une diminution du risque de diabète et de maladies cardiométaboliques. « Habituellement, ces bactéries sont stimulées par la consommation de fibres alimentaires. Nous avons observé le même effet avec l’extrait de canneberge, mais à une dose presque 20 fois plus faible », souligne Jacob Lessard-Lord, stagiaire postdoctoral à l’INAF. 

L’extrait de canneberge stimule aussi la bactérie Akkermansia muciniphila, qui joue un rôle important sur le plan des muqueuses intestinales en aidant à atténuer l’inflammation et à renforcer la barrière de l’intestin. 

C’est particulièrement intéressant pour contrer les effets néfastes de la diète nord-américaine. « Ce régime alimentaire altère le microbiote, provoque une inflammation de la muqueuse et compromet l’intégrité de la barrière intestinale, qui joue un rôle crucial dans la protection de l’organisme contre les bactéries présentes dans l’intestin. Une altération de la barrière intestinale permettant notamment le passage de lipopolysaccharides (LPS) dérivés du microbiote intestinal, connue sous le nom d’endotoxémie métabolique, est un facteur crucial dans le déclenchement et la progression de l’inflammation et des maladies métaboliques », explique Yves Desjardins.  

« L’inflammation constante qui découle de la présence de LPS dans l’organisme est un précurseur de plusieurs maladies chroniques, comme le diabète, et des maladies cardiovasculaires », souligne le professeur. 

Intégré dans une diète équilibrée, l’extrait de canneberge pourrait modifier le parcours inflammatoire et améliorer le pronostic d’une maladie chronique. En stimulant la bactérie Akkermansia muciniphila et des bifidobactéries, le microbiote se régénère et recrée un environnement antiinflammatoire. Cela a pour effet de resserrer les liens entre les cellules de la barrière intestinale pour la renforcer. 

Durant l’expérience, près d’une quarantaine de personnes, recrutées à l’INAF, devaient consommer un supplément de canneberges sous forme de capsule le matin et le soir, équivalent à la consommation de 60 g de canneberges fraîches. Un échantillon de plasma, d’urine et de selle était recueilli au début de l’expérience et après la période de quatre jours. L’étude chez l’humain découle de résultats prometteurs dans le système in vitro SHIME, qui reproduit les régions de l’intestin. 

L’équipe de recherche veut maintenant déterminer les effets de l’extrait à long terme. « C’est prometteur d’observer un effet bénéfique après seulement quatre jours », se réjouit Jacob Lessard-Lord. 

Même si les canneberges ont eu un effet bénéfique sur toutes les personnes participantes, les résultats ont mis en évidence une variabilité dans leur réponse. Des recherches futures permettront d’identifier les signatures du microbiote qui répondent le mieux à l’extrait. 

L’étude a été menée dans le cadre la Chaire de recherche industrielle du CRSNG-Symrise sur l’effet prébiotique des polyphénols de fruits et légumes (PhenoBio+). L’entreprise Symrise a d’ailleurs lancé un produit basé sur les résultats de l’équipe, Prebiocran, homologué en Europe. 

L’étude a été publiée dans la revue scientifique npj Biofilms & Microbiomes. Les signataires sont Jacob Lessard-Lord, Charlène Roussel, Joseph Lupien-Meilleur, Pamela Généreux, Véronique Richard, Valérie Guay, Denis Roy et Yves Desjardins. 

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