Un budget du Québec d’hier, selon Véronique Hivon

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Après avoir pris connaissance du budget 2021-2022 du Québec, la députée de Joliette, Véronique Hivon, déplore un budget passéiste, des années 1990, qui ne tient pas compte du nécessaire virage vert ni de la réalité de beaucoup de Québécois qui souffrent encore de la crise de la COVID-19.

En bref

Le gouvernement a présenté un budget passéiste, axé sur le béton, qui rate complètement la fenêtre qui se présente au Québec pour prendre un véritable virage vert.

Le gouvernement semble oublier les effets de la crise sanitaire et sociale que vit actuellement le Québec et ignore carrément le besoin d’investissement dans le volet social ; c’est un manque de sensibilité et d’humanité.

L’urgence que commande la crise de la pénurie de places en services de garde et d’éducatrices aurait mérité des actions très fortes et non une petite goutte d’eau dans l’océan des besoins;

Avec ce budget, la CAQ manque encore une fois le bateau du nationalisme économique pour relancer l’économie québécoise.

Le gouvernement se prive de nombreuses nouvelles sources de revenus qui auraient pu aider à relancer l’économie du Québec et à assurer le maintien de services publics de qualité.

Une vision économique du siècle dernier

À ceux qui s’attendaient à un budget traduisant la nécessaire transition vers l’économie du XXIe siècle, il n’en est rien. Pire, le gouvernement investit davantage dans le béton et rate le virage vers une nouvelle économie verte. Notre plus gros partenaire commercial, les États-Unis, vient, lui, d’annoncer des investissements de 2000 milliards pour verdir son économie. Pendant ce temps, au Québec, on continue d’ignorer la réalité des changements climatiques.

« Au sortir d’une crise sanitaire, le gouvernement de la CAQ propose un budget axé sur le développement des infrastructures, en accélérant les investissements de 60 % au cours des 4 prochaines années dans le PQI. Ce budget est la juste continuité du projet de loi no 66, adopté l’automne dernier », a commenté Véronique Hivon. Celle-ci a par ailleurs rappelé que pour relever les défis liés à la transition juste et verte, le Parti Québécois proposait d’investir un milliard de dollars par le biais du Fonds des générations, afin d’aider nos entreprises et nos travailleurs à mieux vivre cette transformation de l’économie.

La réduction des inégalités sociales : l’angle mort du budget

« On dirait que le gouvernement oublie carrément les conséquences de la pandémie sur le quotidien des Québécois les plus vulnérables. À l’issue de la crise sanitaire et de la plus grande récession depuis les cent dernières années, nous nous serions attendus à des investissements massifs pour réduire les inégalités sociales grandissantes », a également mentionné Mme Hivon.

Malgré leur travail essentiel en première ligne et le sous-financement chronique dont ils souffrent, les organismes communautaires n’obtiennent que des miettes. « C’est comme une claque au visage ; alors que des centaines de millions de dollars étaient nécessaires pour rehausser le financement à la mission, afin de répondre aux besoins des Québécois les plus vulnérables, le gouvernement a choisi d’augmenter le financement de seulement 50 M$ sur 5 ans pour les organismes œuvrant en santé, et de seulement 27 M$, cette année, pour les organismes en action communautaire autonome. Prenons par ailleurs l’aide aux femmes victimes de violence conjugale : alors que le Québec déplorait cette semaine son septième féminicide, les 70 M$ attendus immédiatement pour les maisons d’hébergement ne sont même pas au rendez-vous ! On ne parle que d’un maigre 10 M$ par année », a dénoncé la députée de Joliette.

Quant à la crise du logement – largement mise au jour depuis un an, et de façon plus spectaculaire encore avec l’augmentation de l’itinérance –, elle sera encore la réalité au cours des prochaines années. Pour son troisième budget, la CAQ annonce qu’elle construira 5500 logements en 5 ans, alors qu’il s’agit du nombre de logements qu’il faudrait construire chaque année. Qui plus est, ces logements, elle les avait en grande partie déjà promis.

En ce qui concerne les services de garde, les parents qui attendent une place en CPE pour retourner au travail devront continuer d’attendre. Alors qu’il manque actuellement 3000 éducatrices, les mesures pour faire face à cette pénurie sont insuffisantes, et on ne retrouve dans ce budget aucune mesure pour créer les 51 000 places manquantes. Le gouvernement va même jusqu’à réduire de 20 M$ les investissements pour soutenir l’ouverture de nouveaux CPE.

Un nationalisme économique de façade

En matière de nationalisme économique, la CAQ manque encore le bateau. La réussite de notre relance économique devait passer par l’adoption d’une réelle politique nationale d’achat québécois et par des changements aux processus d’appels d’offres, qui ne considèrent actuellement que le seul critère du plus bas prix.

« Le gouvernement continue de refuser d’utiliser l’État pour relancer l’économie québécoise. Alors que nous pourrions imposer des seuils d’achat de 60 %, voire de 70 % dans plusieurs domaines – par exemple les équipements de protection individuelle, les fournitures de l’État, l’approvisionnement en nourriture québécoise dans nos organismes publics ou le matériel dans les grands projets de transport collectif –, le gouvernement choisit de se priver d’un important levier qui favoriserait les entreprises québécoises. Pendant ce temps, nos voisins, eux, ne se gênent pas pour avantager leurs entreprises locales », a insisté Mme Hivon.

« De plus, a-t-elle poursuivi, le gouvernement n’impose toujours pas de critères de performance environnementale, notamment l’impact des GES, dans les appels d’offres. Non seulement cette décision est nocive pour l’environnement mais, en plus, elle l’est pour les nombreuses entreprises québécoises qui mettent en avant des technologies vertes. Comment voulez-vous que se développent les entreprises qui œuvrent pour le virage vert quand vous ne prenez même pas en considération cette variable lorsque vient le temps d’octroyer des contrats ? »

De nombreuses sources de revenus échappées

Bien qu’il salue la décision de percevoir la TVQ sur les biens tangibles importés, le Parti Québécois note que le gouvernement continue, d’une part, de priver le Québec de plusieurs sources de revenus, notamment par la taxation des GAFAM (146 M$), la taxation des profits détournés (154 M$) et l’abolition des agences de placement en santé (270 M$). D’autre part, il persiste à croire qu’il fera des gains dans le Canada en inscrivant continuellement au budget les sommes de 6 milliards que le fédéral nous doit pour les transferts en santé. « Même le ministre des Finances lui-même n’y croit pas. C’est curieux, donc, que cet argent continue d’être budgété. C’est comme si la CAQ vivait dans un pays imaginaire », a résumé Véronique Hivon.

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