Sept regroupements lanaudois d’organismes communautaires demandent aux partis politiques provinciaux de s’engager pour le mouvement d’action communautaire autonome

Photo courtoisie

Pour démontrer l’importance de leurs revendications sociales et communautaires, sept regroupements régionaux d’organismes communautaires autonomes ont décidé de prendre la parole ensemble dans le cadre de la présente campagne électorale.

La Table de concertation des groupes de femmes de Lanaudière (TCGFL), le Regroupement d’organismes communautaires et alternatifs en santé mentale de Lanaudière (ROCASML), la Table de concertation régionale d’associations de personnes handicapées de Lanaudière (TCRAPHL), la Table régionale des organismes communautaires Famille de Lanaudière (TROCFL), la Corporation de développement communautaire de la MRC L’Assomption (CDC), le Mouvement d’éducation populaire autonome de Lanaudière (MÉPAL) ainsi que la Table régionale des organismes communautaires de Lanaudière (TROCL) ont présenté ensemble leurs revendications et demandes aux différents partis politiques.  

D’une voix commune, les représentantes et les représentants des regroupements soulignent le peu de place accordée aux enjeux vécus par les organismes communautaires autonomes et par les personnes vulnérables ou marginalisées de notre société dans le cadre de la présente campagne. Pourtant, comme le souligne Francine Lafontaine, présidente de la TROCL : « le mouvement d’action communautaire autonome québécois c’est pourtant :   

4000 organismes communautaires autonomes ; 

Plus de 20 000 travailleurs et travailleuses ; 

Des milliers de bénévoles ; 

Plus de 2 millions de personnes rejointes. 

Il s’agit d’une force vive de notre société qui travaille directement auprès des citoyens et des citoyennes, qui est à même de constater l’évolution des besoins de la population, qui a développé une expertise terrain basée directement sur les réalités vécues par les personnes qui franchissent les portes des organismes. Il n’est pas acceptable que nos enjeux ne soient pas davantage mis de l’avant par les candidat.e.s des différents partis politiques. »  

Voici quelques revendications et enjeux importants soulevés par les regroupements régionaux. 

Francine Rivest  Table de concertation des groupes de femmes de Lanaudière 

Malgré une participation accrue au marché du travail et un niveau de scolarité plus élevé, le revenu d’emploi des femmes demeure inférieur à celui des hommes, peu importe l’âge. Dans Lanaudière, le revenu total médian pour les femmes est de 23 586$ et chez les hommes de 35 531$. Ce revenu équivaut à 68,3% de celui des hommes (74,9% au Québec). Pour éviter l’entrée et pour favoriser la sortie de la pauvreté, la TCGFL demande des mesures spécifiques qui assureront la sécurité et l’autonomie économique des femmes. Ces mesures font référence tant à l’autonomie financière des femmes, basée sur leur revenu de travail rémunéré, qu’à l’ensemble des programmes de sécurité sociale auxquelles elles peuvent avoir accès.  

Sébastien Guernon – Corporation de développement communautaire de la MRC l’Assomption 

La CDC l’Assomption demande le respect, par l’ensemble de l’appareil gouvernemental et ses extensions, de la Politique gouvernementale de reconnaissance de l’action communautaire telle qu’adoptée en 2001.  

Une réelle reconnaissance de cette politique permettrait de miser sur le renforcement des capacités d’agir des organismes communautaires et ainsi de permettre de bonifier les activités et les services, de créer plus d’emplois, de diminuer les chevauchements administratifs au sein des différents ministères. L’approche utilisée serait alors plus transversale et humaine pour, ultimement favoriser l’empowerment et la prise en charge active des populations dans le développement socioéconomique de leur communauté. De plus, la reconnaissance du rôle des regroupements autonomes locaux et régionaux, tels que les CDC dans les différentes MRC du Québec, ainsi que les tables régionales, contribuerait directement à une meilleure performance dans l’intégration et la cohésion des expertises et compétences, souvent déjà présentes dans nos milieux. 

Lisette Falker – Table régionale des organismes communautaires Famille de Lanaudière  

La TROCFL tient à dénoncer l’insuffisance du financement à la mission des organismes communautaires Famille. Ce sous-financement contraint les OCA Famille à passer de plus en plus de temps à répondre aux divers appels de projets qui, d’ailleurs, se multiplient. Sans financement à la mission adéquat ceci devient le seul moyen d’obtenir un budget suffisant pour offrir des activités et des services aux familles de la région. Conséquemment, la TROCFL revendique le rehaussement, la récurrence et l’indexation du financement à la mission des organismes communautaires Famille.  

Sarah Girard – Mouvement d’éducation populaire autonome de Lanaudière 

La citoyenneté pleine et entière est caractérisée par un juste
accès aux ressources, aux loisirs, à la culture et aux droits. Toutefois, cette citoyenneté est trop souvent limitée par une mauvaise redistribution des richesses, un accès difficile aux systèmes de justice, de santé ou d’éducation ainsi qu’aux programmes sociaux. Les attaques néolibérales dépossèdent les personnes défavorisées de leur capacité d’agir, voire de leur dignité. Pour ces personnes, il est difficile d’accéder à de l’information juste, compréhensible et nécessaire afin d’assurer la défense de leurs droits ou pour se prévaloir de programmes existants. De leur côté, les organismes d’éducation populaire autonome et de défense des droits peinent à répondre aux demandes de soutien individuels qui leur sont adressés et n’ont que très peu de ressources pour accomplir leur mission première : l’éducation populaire aux droits sociaux et la mobilisation des 
citoyen.ne.s ayant peu de pouvoir sur leur vie. En ce sens, nous croyons que l’éducation populaire autonome et la défense collective des droits doivent être reconnues et financées en tant que vecteur fondamental d’éducation des adultes, de démocratie et de transformation de la société visant une plus grande justice sociale.  

Pierre Lafontaine – Table de concertation régionale des associations de personnes handicapées de Lanaudière 

Les personnes handicapées vivent majoritairement avec le support de l’état ce qui représente en 2017, un montant mensuel total de 954.60 $. L’accès au Programme de soutien au logement (PSL) réduit le coût du loyer à payer à 25% de ce montant toutefois tous n’y ont pas accès. En effet, le PSL est assorti d’une grille spécifiant les coûts maximums de loyer autorisés. Cette grille devrait être modulable en fonction du coût moyen des loyers des différents territoires. Ainsi, la TCRAPHL demande aux candidats des différents partis de se prononcer et de s’engager pour un assouplissement des règles d’application du Programme de supplément au loyer (PSL) pour les personnes handicapées car il s’agit d’une des seules mesures permettant aux personnes handicapées de vivre dans leur communauté. 

Lisette Dormoy – Regroupement des organismes communautaires et alternatifs en santé mentale de Lanaudière 

Pour le ROCASML donner des conditions de vie descentes aux personnes serait une mesure gouvernementale gagnante et favoriserait la dignité et la participation citoyenne des personnes. En effet,  

la santé mentale ne doit pas se résumer à la vision biomédicale et seulement à ce qui se passe dans le système de santé : on peut et on doit agir sur les conditions de vie des personnes. Comme société nous avons tendance à responsabiliser la personne de façon individuelle ou lieu de tendre vers une solution collective aux iniquités sociales. De plus, les stigmas font en sortent que la population pense que les personnes qui vivent avec un problème de santé mentale sont incapables de prendre des décisions, qu’elles sont violentes, bref que ces personnes sont potentiellement dangereuses. Il est inconcevable que les préjugés perdurent et il est grand temps que de l’argent soit investi dans la prévention, et surtout dans les organismes communautaires à qui le gouvernement demande de collaborer sans y investir les ressources nécessaires. 

Hugo Valiquette – Table régionale des organismes communautaires de Lanaudière 

Pour la TROCL, il est important de mettre de l’avant les revendications portez par la campagne nationale de mobilisation Engagez-vous pour le communautaire. C’est ainsi que nous demandons, avec les 6 autres regroupements lanaudois d’OCA, que les partis politiques provinciaux s’engagent à répondre aux revendications des organismes communautaires autonomes lanaudois et de partout au Québec :  

Le rehaussement significatif du financement à la mission globale des 4000 organismes communautaires autonomes et l’indexation des subventions à la mission globale, ce qui représente 475 millions.  

Le respect de la Politique de reconnaissance de l’action communautaire. 

La reconnaissance de l’action communautaire autonome comme moteur de progrès social. 

La campagne réclame également la fin des compressions dans les services publics et les programmes sociaux. 

Nous souhaitons que toute la reconnaissance qui nous est exprimée en mots le soit maintenant en gestes et en actions concrètes qui permettront aux organismes communautaires autonomes de réaliser pleinement leur mission.  

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