Saint-Jean-de-Matha dénonce la stratégie adoptée par la MRC de Matawinie

Photo courtoisie

Martin Rondeau, maire de la Municipalité de Saint-Jean-de-Matha, débat depuis quelques mois auprès du conseil de la MRC de Matawinie afin que les membres reconsidèrent la stratégie relative au projet de déploiement d’un réseau de fibre optique sur l’ensemble de son territoire.

Il a d’ailleurs rédigé un document de réflexion dans lequel il énumère et explique ses différents arguments; dossier qu’il a remis aux mairesses et maires siégeant sur le conseil de la MRC. Le maire Rondeau, recevait, le 14 septembre dernier par voie de résolution, l’appui de son conseil municipal l’autorisant à dénoncer publiquement la situation.

En bref voici les faits :

Le 2 mai 2017 une étude de faisabilité fut réalisée par M. Richard Lampron, expert, à la demande de la MRC de Matawinie. Essentiellement, cette étude dénonce la piètre qualité des réseaux existants sur le vaste territoire de la MRC et les coûts exorbitants qui y sont associés. Par la suite, il est donc proposé d’implanter un réseau de fibre optique lequel serait la propriété de la MRC de Matawinie et mis à la disposition des entreprises offrant des services de télécommunication. Ainsi, la MRC assurerait une saine compétition et un déploiement sur l’ensemble de son territoire afin d’offrir des services de qualité autant en secteurs urbains que ruraux, souvent négligés par les entreprises.

Le projet a été revu à la hausse atteignant maintenant une projection de plus de soixante-six millions pour lequel un règlement d’emprunt fut approuvé par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation et nécessitant l’adhésion de plus du tiers des résidents de la MRC afin que celui-ci soit rentable. Dès 2020, la MRC promettait d’atteindre le seuil de rentabilité, ce qui malheureusement ne fut pas le cas. Bien que le coût de réalisation du projet soit amorti sur une période de vingt ans, la MRC évaluait la pérennité des infrastructures à plus de 40 ans. La décision d’implanter un tel réseau constituait une sage décision répondant à des préoccupations pressantes de la population.

Or, depuis le début du projet, plusieurs éléments nouveaux sont venus modifier le tableau. D’abord le nouveau gouvernement a refusé la demande de subvention de trente-sept millions de la MRC en indiquant à quelques occasions qu’il ne souhaitait pas que les municipalités régionales de comté alourdissent leur gestion par l’établissement, à leur frais, d’un réseau de télécommunication. À cela s’ajoute la lourdeur administrative pour l’obtention des permis et certificats auprès de Bell Canada quant à l’utilisation de leurs poteaux, obligeant ainsi la MRC à revoir sa stratégie de déploiement de la fibre, tel que l’enfouissement des fils, et ce, à des coûts plus importants. Le retard quant à l’avancement des travaux aura permis aux entreprises privées de s’accaparer plus agressivement le marché en tentant de fidéliser leur clientèle. Cette même clientèle qui pourrait refuser ultérieurement d’abandonner l’offre de services actuelle pour se joindre au réseau de la MRC; le seuil de 33 % pourrait ne pas être atteint. De surcroît la perspective de l’arrivée de la technologie 5 G, dont le système actuel n’a pas la capacité de réception, pourrait menacer la pérennité du projet et être moins attractif pour les futurs abonnés. Ainsi, la rentabilité du réseau pourrait souffrir et laisser un goût amer aux citoyens avec une dette de plus de soixante-six millions.

En considérant ces faits, la Municipalité de Saint-Jean-de-Matha souhaiterait connaître toutes les options disponibles pour mieux évaluer les stratégies assurant un déploiement rapide et efficace du réseau.

 

 

Sans se mettre à genoux et consentir à des compromis, il serait sage de rencontrer nos dirigeants provinciaux ainsi que les représentants des grandes entreprises de télécommunication pour sonder le potentiel de partenariat assurant une couverture complète sur l’ensemble du grand territoire de la MRC. Notre rôle d’élu n’est pas de gérer une infrastructure complexe de télécommunication dont l’évolution technologique nécessite le concours d’experts chevronnés, mais bien de négocier et d’assurer un service efficace et rapide sur notre territoire autant en secteur urbain que rural. Ce service devra évidemment être constamment mis à jour au gré de l’évolution technologique, et ce, à des prix compétitifs.

La popularité du télétravail en période de pandémie nous convainc de l’urgence à répondre à ce besoin, surtout que les citadins choisissent de plus en plus nos régions pour s’y établir en espérant bénéficier d’un réseau efficace. Nos combats contre les grandes entreprises de télécommunication, nos démarches visant à faire pression sur le CRTC pour limiter le monopole de ces entreprises, bien que louables et surtout nécessaires, auront raison de notre disponibilité à offrir rapidement le service à nos citoyens, qui auront bien de la difficulté à bouder les services efficaces reçus par ces entreprises au moment où ils en avaient vraiment besoin, pour joindre nos rangs. Dans notre quête d’un service de haute technologie efficace, ne négligeons pas l’impact financier important qu’un réseau qui risque de devenir vite désuet, puisse avoir sur notre saine gestion.

« Je souhaite ardemment que les mairesses et maires de la Matawinie considèrent sérieusement l’option de partenariat impliquant le gouvernement et les entreprises privées, et ce, pour avoir, du moins, la satisfaction d’avoir tout envisagé face aux décisions importantes qui auront des répercussions sur nos générations futures », a déclaré par voie de communiqué, Martin Rondeau, maire de Saint-Jean-de-Matha.