Recours judiciaire pour la réfection du Chemin de Manawan « route de l’enfer »

Courtoisie du Conseil des Atikamekw de Manawan (CDAM)

En raison de l’inaction du Québec quant à son engagement de réaliser la réfection nécessaire sur l’entièreté du Chemin de Manawan — unique lien routier de 87 km reliant la communauté à Saint-Michel-des-Saints — le Conseil des Atikamekw de Manawan (CDAM) annonce avoir entamé un recours judiciaire contre le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD), au terme d’un ultimatum de 30 jours ignoré par le gouvernement.

Le CDAM réaffirme la détermination de la communauté à protéger la sécurité de ses membres et à faire respecter ses droits fondamentaux.

« Après plus de 30 ans de démarches, la promesse gouvernementale de 2018 et l’absence de mesures concrètes pour honorer cet engagement malgré notre ultimatum, nous n’avons d’autre choix que de saisir les tribunaux, déclare Sipi Flamand, Chef du Conseil des Atikamekw de Manawan. Chaque jour sans travaux met en danger nos membres et tous les usagers de cette route de l’enfer, et compromet l’accès à des services essentiels. Le temps des discussions est terminé. »

Courtoisie du Conseil des Atikamekw de Manawan (CDAM)

Un manquement aux obligations légales

En vertu de la Loi sur le ministère des Transports, le MTMD a l’obligation d’assurer la réfection et l’entretien des routes dont il a la charge. Selon la jurisprudence, cette obligation doit être remplie avec diligence et en prenant les moyens nécessaires pour prévenir les accidents. Pour le CDAM, l’inaction persistante du gouvernement depuis plus de 30 ans porte atteinte à ces obligations légales et aux droits constitutionnels de la communauté, protégés par la Charte canadienne des droits et libertés et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA).

Une route dangereuse et des conséquences bien réelles

Le Chemin de Manawan demeure excessivement dangereux : chaussée étroite, visibilité réduite, courbes prononcées et non-conformités documentées. Des accidents graves et mortels continuent de s’y produire, entraînant des retards d’accès aux soins et des pertes humaines évitables.

Les impacts sont nombreux et touchent directement la qualité de vie de la communauté :

  • Sécurité publique : accidents mortels, retards ambulanciers, conditions de transport médical inacceptables.
  • Services essentiels : approvisionnement en carburant et en eau potable perturbé, déplacements entravés pour la SIAA (Système d’Intervention d’Autorité Atikamekw) et les services d’urgence.
  • Coût de la vie : surcoûts de livraison et refus de desserte, aggravant l’isolement de la communauté.
  • Développement économique : frein au tourisme et aux investissements sur le Nitaskinan.

Des promesses restées lettre morte

Depuis plus de 30 ans, plusieurs annonces gouvernementales, dont celle en 2018, ont été faites, mais aucun projet de réfection complète n’a été entrepris. Les décisions récentes, comme la fin de la contribution des sociétés forestières à l’épandage intensif d’abrasifs, ont même accru le fardeau financier du CDAM, qui doit désormais assumer seul des coûts essentiels à la sécurité de la route.

« Cette action judiciaire est un pas nécessaire pour contraindre l’État à respecter ses engagements et ses obligations. Nous continuerons de défendre les droits et la sécurité de notre communauté jusqu’à ce que des travaux de réfection majeurs soient réalisés. Nous voulons un plan de réfection complet, un échéancier public et un budget. Nous exigeons la fin des charges injustes d’entretien et leur remboursement et demandons un vrai partenariat décisionnel », conclut le Chef Flamand.

Courtoisie du Conseil des Atikamekw de Manawan (CDAM)