Reconnaissance de l’expertise des organismes communautaires autonomes : passer de la parole aux actes

Photo courtoisie

Dans le cadre de la campagne électorale québécoise, la Table régionale des organismes communautaires autonomes de Lanaudière (TROCL) a tenu une conférence de presse afin de réclamer de la part des partis politiques de s’engager à enfin reconnaître officiellement les organismes communautaires autonomes, leurs expertises et leur autonomie. Les organismes s’attendent à des engagements clairs des partis politiques en ce sens.

Le financement par projet fragilise les organismes

Pour réussir à réaliser leur mission, à organiser des activités et à répondre aux besoins exprimés par leurs membres, la plupart des organismes communautaires autonomes doivent avoir accès à du financement par projet, financement qui est très souvent de courte durée, voir autour d’un an. Ce type de financement est accompagné de critères, d’orientations et de contraintes qui forcent les organismes à devoir cadrer la réponse aux besoins de leurs membres dans ces projets. Comme le mentionne Annie Chauvette, coordonnatrice de l’organisme Réussite éducative Montcalm : « pour assurer l’ensemble de nos activités et projets, notre organisme doit composer avec un budget qui comporte 50% de financement par projets. Cette façon de fonctionner fragilise nos projets un créant une instabilité et une difficulté à prévoir à long terme. » De plus, ce financement par projet surcharge les organismes de travail administratif, de la rédaction des projets, à la reddition de comptes, du temps qui n’est pas passé avec les membres des organismes.

Reconnu comme essentiel !

Pendant la pandémie, le gouvernement québécois a reconnu à de nombreuses reprises le caractère essentiel des organismes communautaires autonomes. Comme le présente Pierre Lafontaine, agent de concertation à la Table de concertation régionale des associations de personnes handicapées de Lanaudière (TCRAPHL) : « les organismes ont fait preuve de créativité, d’entraide, de soutien entre pairs. De nombreux organismes du secteur personnes handicapées et des autres secteurs ont d’ailleurs compensé largement pour les ruptures de services, les suspensions ou diminution de services du réseau public, dont le CISSS de Lanaudière ». Pourquoi le gouvernement québécois, alors qu’il reconnaît les atouts du mouvement communautaire autonome, ne fait pas le choix de rehausser significativement le financement de l’ensemble des organismes ?

Le financement à la mission globale a été un des facteurs déterminants dans la réponse rapide qu’ont offert les organismes communautaires autonomes à leurs membres et à la population en pleine pandémie. Cela a été grandement souligné à de nombreuses reprises. Pour reconnaître cette agilité et cette capacité d’innover, les organismes doivent recevoir davantage de financement à la mission globale afin de pouvoir concentrer leur énergie à répondre à la mission pour laquelle ils ont été mis en place.

Rehausser le financement à la mission : la priorité

Plusieurs gouvernements ont souvent mentionné que les demandes du communautaire étaient exagérées. « Si le gouvernement cessait de créer des nouveaux programmes de financement par projet, ou de financer des projets institutionnels qui dédoublent ce que les organismes réalisent déjà, on y trouverait les moyens d’assurer un plus grand financement à la mission globale des 200 organismes communautaires autonomes qui font une réelle différence dans la vie de plus de 100 000 Lanaudoises et Lanaudois. C’est simple, pour mieux financer l’action communautaire autonome, il faut que le prochain gouvernement en fasse une priorité ! », explique Caroline Parent, administratrice de la TROCL.

Les organismes communautaires autonomes lanaudois et québécois demandent donc à l’ensemble des partis politiques de prendre l’engagement de mettre en priorité le rehaussement du financement à la mission globale dès le prochain budget du gouvernement. Pour Hugo Valiquette, directeur de la TROCL : « il est temps que le prochain gouvernement choisisse l’humain au lieu de la bureaucratie. C’est pourtant simple. Chaque dollar investi dans le mouvement communautaire autonome permet aux organismes de se rapprocher de leurs membres et de s’éloigner de l’administration. »

Le mouvement communautaire autonome : une richesse pour tout le Québec !

Pour de nombreuses personnes, les organismes communautaires autonomes et surtout les personnes qui y travaillent et s’y impliquent au quotidien, offrent des lieux de confiance, d’écoute et de respect. Les liens de confiance s’établissent et deviennent un peu plus forts à chaque fois qu’une personne franchit la porte d’un organisme. Existe-t-il encore beaucoup d’espace ou une personne, peu importe sa réalité, peut entrer sans crainte de se faire juger, prendre le temps dont elle a besoin pour s’exprimer ? Des lieux où il est possible de s’impliquer dans la vie associative, de participer à des activités et même ultimement, s’engager dans les processus démocratiques, comme être élu au conseil d’administration, et ainsi, reprendre un pouvoir individuel et contribuer collectivement ? L’expertise, les compétences et le professionnalisme des organismes se doivent d’être réellement reconnus par l’ensemble des partis politiques québécois.