Alors que la crise du propane se prolonge, les porte-parole du Bloc Québécois en agriculture, Yves Perron de Berthier-Maskinongé, en travail, Louise Chabot de Thérèse-De Blainville, et en transport, Xavier Barsalou-Duval de Pierre-Boucher-les-Patriotes-Verchères, ont joint leur voix à celles des manifestants qui ont demandé ce lundi au premier ministre du Canada de faire preuve de leadership afin que se règle rapidement et par voie négociée le conflit de travail au CN. Ce conflit ajoute aux dommages déjà subis par les producteurs de grain du Québec cette année, dont l’embargo chinois et les intempéries.
Louise Chabot souligne qu’au cœur des revendications des travailleurs syndiqués du CN, il y a d’abord la sécurité. « Depuis le drame de Lac-Mégantic, personne n’est plus sensible aux enjeux de sécurité ferroviaire que les travailleurs qui s’exposent eux-mêmes quotidiennement aux risques d’une règlementation inadéquate. » Le Bloc Québécois demande donc au gouvernement de Justin Trudeau et au ministre Marc Garneau de mettre immédiatement en place, par voie règlementaire, des règles accrues à la hauteur des attentes des travailleurs du CN. « C’est une façon légitime et nécessaire non seulement de priver le CN de sa position irresponsable à l’encontre des travailleurs et des Québécois, mais aussi de favoriser un règlement durable du conflit par la voie de la négociation. Nous réitérons que l’idée d’une loi spéciale imposant les conditions de travail aux travailleurs n’est pas une option », a affirmé la députée de Thérèse-De Blainville.
Xavier Barsalou-Duval a renchéri en soulignant que la sécurité ferroviaire demeure une source majeure de préoccupation, non seulement pour les travailleurs, mais également pour les résidents et les entreprises implantées aux abords des voies ferrées. Par ailleurs, les municipalités réclament aussi des mesures de sécurité accrues. « Depuis juillet 2013, le gouvernement fédéral a tout fait pour éviter de faire face aux enjeux de sécurité mis en lumière par le drame de Lac-Mégantic. Encore aujourd’hui, malgré qu’Ottawa fasse la sourde oreille, une enquête publique sur les causes de cet incident demeure toujours nécessaire. Les travailleuses et les travailleurs Québécois du secteur ferroviaire vivent quotidiennement dans l’inquiétude et le gouvernement, tout comme le Canadien National, ont le devoir d’y répondre», a rappelé le député de Pierre-Boucher-Les Patriotes-Verchères.
Quant à lui, Yves Perron a mentionné que les producteurs de grain ont été abandonnés, peut-être même utilisés par le gouvernement fédéral et les producteurs de pétrole de l’Ouest. « La pénurie de propane n’a pas été annoncée aux clients du CN. Il n’y a eu aucun plan d’urgence ou avis de faire des réserves. Tout cela malgré le fait que la date de la grève des travailleurs était connue depuis plusieurs semaines. Il est déplorable que l’Alberta en fasse un argument pour favoriser le développement d’un réseau de pipeline vers le Québec, et ce en période de tension entre le Québec et l’Alberta sur les enjeux environnementaux des énergies fossiles. » Pour le porte-parole en agriculture du Bloc Québécois, « C’est le gouvernement du Québec qui a mis en place des mesures d’approvisionnement minimales. Cette solution ne fera qu’un temps, mais si Ottawa fixe des règles responsables en transport ferroviaire comme le demandent les travailleurs, le CN n’aura plus de raison d’étirer les négociations, et l’approvisionnement normal reprendra rapidement. Il faut que les producteurs de grains ne soient plus les otages d’une bisbille énergétique entre les ambitions de l’Alberta et les choix différents, mais légitimes, du Québec. »
Le Bloc Québécois demande donc au premier ministre et au ministre des Transports d’annoncer immédiatement la mise en place dans les prochaines semaines des mesures de sécurité accrues sur le réseau ferroviaire québécois et canadien. Ces mesures doivent être applicables à toutes les entreprises à la hauteur des attentes des travailleurs, des résidents et des municipalités. Le gouvernement fédéral se doit d’insister pour que les négociations de bonne foi continuent.
Enfin, le Bloc Québécois suggère que des efforts particuliers soient investis dans des alternatives au propane, notamment dans la biométhanisation. Cette crise ne démontre pas qu’il faille rester dépendants des hydrocarbures de l’Ouest canadien. Bien au contraire, il faut s’en affranchir afin que les entreprises agricoles du Québec et les autres actuels utilisateurs de propane ne soient plus à la merci des stratégies des pétrolières.
Si le gouvernement Trudeau va de l’avant avec de telles mesures et résiste au lobby des compagnies ferroviaires, il aura l’appui du Bloc Québécois.