Travaux communautaires réclamés pour un policier coupable d’avoir tabassé un automobiliste

Guy Latour

La Couronne a réclamé 200 heures de travaux communautaires et une période de probation pour un policier qui a été reconnu coupable de voie de fait causant des lésions.

Guillaume St-Louis, 37 ans, avait été reconnu coupable de cette accusation, en décembre dernier, au terme de son procès qui avait duré plusieurs jours devant le juge Carol Richer.

Le dossier était de retour devant le tribunal, le 26 mars, pour les représentations sur la peine. Pour la procureure de la Couronne dans cette cause, Me Andrée-Anne Marion, l’accusé devrait être condamné à une sentence suspendue avec l’obligation d’effectuer 200 heures de travaux communautaires. Il devrait aussi se soumettre à une probation de deux ans.

« Compte tenu de la violence des gestes, de l’utilisation du poivre de cayenne, du comportement de l’accusé envers la victime, une telle sentence serait adéquate », a plaidé Me Marion devant le juge.

La victime dans ce dossier, Alexandre Hébert, a souffert de dépression majeure, d’un syndrome de stress post-traumatique à la suite de l’incident. Encore aujourd’hui, il garde encore des séquelles au niveau de ses doigts fracturés.

Pour Me Nadine Touma, de la Défense, Guillaume St-Louis, une absolution conditionnelle pourrait satisfaire les fins de la justice.

travaux communautaires, Guillaume St-Louis, Lanoraie
Photo d’archives. L’accusé Guillaume St-Louis

Le juge Richer rendra sa sentence le 16 mai prochain. Guillaume St-Louis a été mis en accusation par voie sommaire, le 3 juin 2015. Il est suspendu avec solde de ses fonctions depuis le début des procédures judiciaires.

La victime, Alexandre Hébert, pour sa part, a été accusé de voie de fait, de menace et d’entrave au travail d’un agent de la paix. Le Directeur des Poursuites Criminelles et Pénales a cependant retiré ces accusations. M. Hébert a aussi été déposé, devant la Cour supérieure, en décembre dernier, une poursuite civile de 1,16M$ en rapport avec les évènements. Aucune date de procès n’a encore été décidée dans cette cause.

Rappel des faits

Le 9 décembre 2014, vers 9h30, Alexandre Hébert est allé reconduire sa fillette de 11 mois à la garderie à Lanoraie. Lors de son témoignage, en janvier dernier, M. Hébert avait raconté que son véhicule a emprunté la rue Faust et la rue Émile. Au coin d’Émile et Perreault, il a croisé l’auto-patrouille conduit par Guillaume St-Louis.

Un peu plus loin, M. Hébert avait vu les gyrophares du véhicule policier. Il ne s’était pas immobilisé immédiatement car il croyait n’avoir commis aucune infraction au code de la sécurité routière.

Rendu au coin des rues Perreault et Honoré-Beaugrand, Alexandre Hébert avait immobilisé son véhicule après avoir entendu le klaxon du véhicule policier. Il avait sorti la tête pour demander à Guillaume St-Louis pourquoi il l’arrêtait. Ce dernier lui avait répondu sur un ton autoritaire que c’est parce que son véhicule avait les vitres teintées. La présumée victime lui avait alors répondu qu’il avait acquis le véhicule comme ça.

Alexandre Hébert avait mentionné que le policier lui avait alors demandé ses papiers. M. Hébert avait témoigné qu’ils ne les avaient pas sur lui car il n’avait pas son portefeuille, car il portait du linge mou étant donné la courte distance qu’il avait à parcourir pour conduire sa fille à la garderie.

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Photo d’archives. La victime, Alexandre Hébert

Près de la portière du véhicule d’Alexandre Hébert, Guillaume St-Louis lui avait demandé de sortir de son véhicule.  M. Hébert parlait tout bas et dit « Ayoye c’est le fun ». Le policier l’avait immédiatement accusé de l’avoir envoyé chier.

M. Hébert était sorti difficilement de son véhicule en raison du peu d’espace laissé par le policier St-Louis. Alexandre Hébert s’est senti intimidé et le policier lui a demandé d’enlever ses lunettes, ce que M. Hébert ne fait pas. Le policier les a alors enlevé agressivement.

Après que l’agent St-Louis lui annonce qu’il va alors le mettre en arrestation, M. Hébert croyait à une blague. Au bout de quelques secondes, il constate que sa vue devient embrouillée et que du poivre de cayenne avait été aspergé sur ses doigts.

Le policier a demandé à Alexandre Hébert de mettre ses mains sur le capot. C’est alors que Guillaume St-Louis l’aurait frappé « entre cinq et dix fois au dos, entre cinq et dix fois aux jambes ainsi qu’au moins trois coups derrière la tête », selon la version de M. Hébert.

À la suite de l’événement, M. Hébert était ensanglanté au niveau de la tête. Il a subi une fracture à un doigt qui a nécessité deux interventions chirurgicales ainsi que des blessures au niveau de la tête et au tibia.