Sentence suspendue pour un policier qui a frappé un citoyen

Photo d'archives

Un policier de la Sûreté du Québec a reçu une sentence suspendue pour s’en être pris violemment à un citoyen lors d’une intervention de routine.

Le juge Carol Richer s’est donc rangé, le 16 mai, au palais de justice de Joliette, aux arguments de la Couronne qui réclamait une telle peine assortie avec des travaux communautaires. La Défense suggérait une absolution inconditionnelle.

Au terme de son procès, qui s’est échelonné sur plusieurs mois, de façon intermittente, l’agent Guillaume St-Louis, 36 ans, avait été reconnu coupable de voie de fait causant des lésions corporelles sur Alexandre Hébert.

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Photo d’archives. L’accusé Guillaume St-Louis

« L’accusé a utilisé une force non nécessaire et exagérée à l’égard de la victime. Les gestes posés sont graves, les nombreux coups de bâton télescopique et leur intensité après l’utilisation du poivre de cayenne constitue un abus d’autorité et révèle un degré de violence qui ne militent pas en faveur de l’absolution », a expliqué le juge Richer dans sa décision.

L’intervention du policier St-Louis a causé plusieurs blessures à Alexandre Hébert lors de l’évènement, soit des blessures à la tête et au tibia, une fracture de l’index de la main gauche,  en plus de nombreuses ecchymoses.

Le tribunal a rappelé que M. Hébert avait fait une dépression sévère, lui qui était déjà en burn-out. Il a dû avoir recours à un suivi psychologique. Il a reçu de l’aide de l’IVAC pour une réorganisation professionnelle car il n’a pas totalement récupéré de sa fracture à la main, des problèmes aux genoux, l’empêche de pouvoir reprendre son travail de chaudronnier.

En plus de la sentence suspendue, Gulllaume St-Louis devra effectuer 200 heures de travaux communautaires dans 18 mois. Il devra aussi respecter une ordonnance de probation de deux ans dans laquelle il ne pourra pas communiquer avec la victime directement ou indirectement.

« Je suis satisfait de la sentence de M. St-Louis. Il va payer pour ce qu’il a fait. Ça été très épuisant psychologiquement et ce n’est pas encore fini. Il y a encore le litige civil qui est toujours en cours », a commenté Alexandre Hébert à sa sortie du tribunal.

Photo d’archives. Alexandre Hébert, la victime

M. Hébert a déposé, devant la Cour supérieure, en décembre dernier, une poursuite civile de 1,16M$ en rapport avec les évènements. Aucune date de procès n’a encore été décidée dans cette cause.

Du côté de la Défense, Me Nadine Touma n’était pas en mesure de dire si la peine serait portée en appel. Par la contre, le verdict a été porté en appel par l’accusé. Celui-ci devrait être entendu dans les prochains mois.

Rappel des faits

Le 9 décembre 2014, vers 9h30, Alexandre Hébert est allé reconduire sa fillette de 11 mois à la garderie à Lanoraie. Lors de son témoignage, en janvier dernier, M. Hébert avait raconté que son véhicule a emprunté la rue Faust et la rue Émile. Au coin d’Émile et Perreault, il a croisé l’auto-patrouille conduit par Guillaume St-Louis.

Un peu plus loin, M. Hébert avait vu les gyrophares du véhicule policier. Il ne s’était pas immobilisé immédiatement car il croyait n’avoir commis aucune infraction au code de la sécurité routière.

Rendu un peu plus loin, la victime  avait immobilisé son véhicule après avoir entendu le klaxon du véhicule policier. M. Hébert avait sorti la tête pour demander à Guillaume St-Louis pourquoi il l’arrêtait. Ce dernier lui avait répondu sur un ton autoritaire que c’est parce que son véhicule avait les vitres teintées. La présumée victime lui avait alors répondu qu’il avait acquis le véhicule comme ça.

Alexandre Hébert avait mentionné que le policier lui avait alors demandé ses papiers. M. Hébert avait témoigné qu’ils ne les avaient pas sur lui car il n’avait pas son portefeuille, car il portait du linge mou étant donné la courte distance qu’il avait à parcourir pour conduire sa fille à la garderie.

Près de la portière du véhicule d’Alexandre Hébert, Guillaume St-Louis lui avait demandé de sortir de son véhicule.  M. Hébert parlait tout bas et dit « Ayoye c’est le fun ». Le policier l’avait immédiatement accusé de l’avoir envoyé chier.

M. Hébert était sorti difficilement de son véhicule en raison du peu d’espace laissé par le policier St-Louis. Alexandre Hébert s’est senti intimidé et le policier lui a demandé d’enlever ses lunettes, ce que M. Hébert ne fait pas. Le policier les a alors enlevé agressivement.

Après que l’agent St-Louis lui annonce qu’il va alors le mettre en arrestation, M. Hébert croyait à une blague. Au bout de quelques secondes, il constate que sa vue devient embrouillée et que du poivre de cayenne avait été aspergé sur ses doigts.

Le policier a demandé à Alexandre Hébert de mettre ses mains sur le capot. C’est alors que Guillaume St-Louis l’aurait frappé « entre cinq et dix fois au dos, entre cinq et dix fois aux jambes ainsi qu’au moins trois coups derrière la tête », selon la version de M. Hébert.