Pas d’accusation pour un accident mortel survenu il y a plus de 40 ans à Saint-Michel-des-Saints

Photo Guy Latour

Plus de 40 ans après qu’un accident de la route a coûté la vie à cinq personnes, à Saint-Michel-des-Saints, le Directeur des Poursuites Criminelles et Pénales (DPCP) a décidé de ne pas porter d’accusation contre le conducteur du véhicule.

La décision est tombée en fin de journée, le 7 septembre. Une équipe de trois procureurs du DPCP, soit Me Jean-Pascal Boucher (porte-parole), Me Chantal Grégoire (procureure-chef adjointe du district de Joliette) et Me Yan Vachon (procureur au dossier) ont rencontré les familles des victimes, au cours de cette journée, à Saint-Michel-des-Saints, pour expliquer cette décision.

« L’analyse exhaustive du dossier et ses conclusions ont  été longuement expliquées aux familles par Me Vachon. Celles-ci ont pu également poser toutes les questions nécessaires à leur compréhension de cette décision », a précisé au Lanauweb, Me Boucher, en fin de journée, le 7 septembre.

La décision est basée uniquement sur le rapport préparé par la SQ. Le procureur a produit une analyse de celle-ci, laquelle a été soumise à sa procureure en chef adjointe pour décision finale.

Rappel des faits

Le soir du 26 juin 1977, vers 22h30, deux hommes qui ont consommé de la bière au cours de la journée quittent à bord d’une caravane la réserve de Manawan accompagnés de 5 passagers en direction de Saint-Michel-des-Saints. À la jonction du chemin de la Jetée et du chemin de la Rivière-du-Milieu, ils auraient pris la mauvaise direction.

Vers 0 h 15, la caravane conduite par un des suspects fait une sortie de route dans une courbe et se renverse dans l’eau.  

Seuls deux hommes, soit le conducteur et un passager, ont réussi à sortir du véhicule par la fenêtre d’une porte arrière du véhicule.  Après avoir attendu un moment sur le toit du véhicule toujours submergé dans l’eau, ils ont nagé jusqu’à la rive.

Après avoir réussi à allumer un petit feu pour se réchauffer, les deux hommes ont attendus la levée du jour pour retrouver leur chemin, Ils marchent ensuite jusqu’à Saint-Michel-des-Saints sur une distance approximative de 18 km. Ils se présentent au poste de police à 10 h 20.  Les cinq autres occupants sont décédés, noyés à l’intérieur du véhicule.

Deux enquêtes policières

À l’époque,  selon les lois en vigueur, l’enquête est confiée à la SQ du poste de Saint-Michel-des-Saints de même qu’au Coroner.

Au terme de l’enquête policière, le substitut du procureur général chargé d’analyser le dossier, refuse de porter des accusations, faute de preuve suffisante.

La conclusion de l’enquête du Coroner est différente. Le Coroner conclut à la responsabilité criminelle de l’homme ayant conduit le véhicule avec les capacités affaiblies par l’alcool.

Une nouvelle enquête policière a été ouverte l’année dernière.  La preuve recueillie lors de l’enquête de la SQ en 1977 reposait uniquement sur les déclarations des deux suspects ayant survécu.

Près de 40 ans après l’événement, les policiers de la SQ ont obtenu auprès de 50 personnes des déclarations écrites et vidéos de leurs souvenirs des événements.

Un mandat a également été confié aux enquêteurs du Module des enquêtes collisions de la SQ. Leur mandat consistait à analyser la scène de l’accident en fonction des observations rapportées, à l’époque, par l’agent de la SQ, des photographies de 1977 et de leur visite des lieux le 10 mai 2016.

Les enquêteurs ont aussi requis l’assistance du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec afin de calculer le taux d’alcoolémie du conducteur en fonction des scénarios de consommation élaborés dans ses déclarations.

 

En soirée, le 7 septembre, le  chef du conseil des atikamekw de Manawan, Jean-Roch Ottawa, n’avait toujours pas réagi à la décision du DPCP.