Décès d’un détenu dans une cellule du poste de la SQ à Joliette : pas d’accusation contre les policiers

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Le Directeur des Poursuites Criminelles et Pénales (DPCP) a annoncé le 18 décembre qu’elle ne portera pas d’accusation à la suite du décès d’un homme de 55 ans. Alonzo dans une cellule du poste de la Sûreté du Québec à Joliette en février 2018.

« À la suite de son analyse, le DPCP est d’avis que la preuve ne révèle pas la commission d’un acte criminel par les policiers de la SQ impliqués dans cet événement », écrit le DPCP.

Les faits dans ce dossier se sont déroulés le 20 février 2018.  Ce jour-là, deux policiers de la SQ se présentent à une adresse de Saint-Paul pour y exécuter un mandat d’arrestation. Un résident leur indique que la personne visée par le mandat n’est pas à l’adresse. Un homme sort toutefois d’un immeuble situé à l’arrière de la résidence et s’approche des policiers. Il est sans manteau ni souliers. Il semble en état d’ébriété avancée ayant peine à garder son équilibre alors qu’il marche dans la neige et la glace. Il ne semble pas être dérangé du fait qu’il est nu-pieds.

Les policiers connaissent l’individu pour être intervenus auprès de lui auparavant. Ils retournent à leur véhicule pour vérifier s’il fait l’objet d’un mandat. Ils découvrent qu’il est visé par un mandat d’arrestation en lien avec des bris de conditions. Il doit être arrêté et détenu au poste de police afin de comparaître le lendemain à la cour municipale.

L’homme est connu pour être imprévisible et agressif avec les policiers. Des renforts sont appelés de façon préventive. Les policiers sortent de leur véhicule et procèdent à l’arrestation de l’homme. Il se débat et commence à crier. Malgré cette résistance, les policiers le maîtrisent facilement et menottent ses mains dans son dos. Il est ensuite assis à l’arrière du véhicule de patrouille. Les portes des deux côtés du véhicule demeurent ouvertes.

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Photo d’archives

L’homme dit avoir l’impression d’étouffer en raison des menottes dans son dos. Il essaie de passer ses mains sous ses pieds pour s’en défaire, mais échoue. Il continue de crier et dit vouloir sortir du véhicule. Il semble en crise et donne des coups de pieds dans le véhicule. Dans un mouvement volontaire, ou comme conséquence de son agitation, il finit par cogner sa tête contre la cloison de protection qui sépare l’avant de l’arrière du véhicule. Son front se met à saigner. Les policiers interviennent rapidement pour l’immobiliser et lui passer la ceinture de sécurité.

Constatant le saignement de l’homme, les policiers demandent l’assistance d’une ambulance. Ils sont avisés qu’une ambulance pourra être sur place seulement 15 minutes plus tard. Compte tenu du délai anticipé, on demande aux ambulanciers de plutôt se diriger au poste de police où l’individu sera amené entre-temps.

Les policiers arrivent au poste de police où attend déjà l’ambulance. Le groupe se rend dans une salle d’interrogatoire afin d’offrir les premiers soins à l’homme. Il est alors plus calme et les menottes lui sont retirées. Il est par la suite amené par ambulance à l’hôpital.

Il est vu par un médecin et des points de rapprochement sont appliqués à sa blessure au front. Après la consultation, le médecin signe un billet indiquant que la blessure est superficielle, que le sujet a son congé de l’urgence et peut partir avec les policiers. Il est donc ramené au poste de police, où il est placé en cellule, sous la surveillance de caméras et d’un agent de sécurité.

L’homme passe les heures qui suivent à alterner entre calme et crises. Il lance son souper en dehors de sa cellule, puis le matelas de son lit. Éventuellement, en fin de soirée, il s’endort sur le sol, sous la base métallique du lit de la cellule.

Vers minuit, un agent de sécurité entre en fonction dans le quartier cellulaire alors occupé par trois personnes. Il y effectue des rondes durant la nuit ainsi qu’une surveillance par le biais de caméras. Il ne constate rien d’anormal. Un sergent de relève supervise le travail de l’agent de sécurité et s’assure que ce dernier effectue la surveillance requise.

Le lendemain matin, un policier se présente pour donner le déjeuner à l’homme. Il ne répond pas aux appels du policier. Ce dernier va demander l’aide d’un collègue pour aller à l’intérieur de la cellule vérifier l’état de l’homme. Il s’aperçoit alors que l’homme n’a pas de pouls et que son corps est rigide. Il le sort de la cellule pour l’amener dans le corridor afin d’effectuer des manœuvres de réanimation. Les manœuvres s’avèrent impossibles. Un défibrillateur est installé, mais aucun choc n’est donné, conformément à ce que recommande la machine.

L’autopsie effectuée ne révèle aucune trace de lésion traumatique pouvant expliquer le décès. Des signes infectieux sont remarqués au niveau du système respiratoire, mais il est impossible de déterminer la cause du décès.

À la suite du décès de l’homme de 51 ans dans une cellule de poste de police, l’enquête avait été transférée au Bureau des Enquêtes Indépendantes (BEI) qui avait envoyé, à l’époque une équipe de sept enquêteurs. De plus, conformément au Règlement sur le déroulement des enquêtes du Bureau des enquêtes indépendantes, le BEI a fait appel au Service de police de la Ville de Montréal  pour agir comme corps de police de soutien dans cette enquête. Le SPVM avait fourni 2 techniciens en identité judiciaire qui travailleront sous la supervision des enquêteurs du BEI.

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