Environ 11 000 travailleuses, membres de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), sont en grève aujourd’hui dans plus de 400 CPE au Québec, dont 10 CPE et 20 installations dans Lanaudière. Elles veulent exprimer leur impatience et leur colère du fait qu’elles sont sans conventions collectives depuis plus de 30 mois. Elles veulent surtout dénoncer l’intransigeance du ministère de la Famille qui pose des conditions inacceptables à la poursuite des négociations dont le cœur même des demandes des travailleuses est très loin d’être réglé. D’autres journées de grève pourraient s’ajouter au besoin.
« Pour les travailleuses, faire la grève est un recours ultime, déclare madame Lili Tremblay, présidente du Syndicat des travailleuses en service de garde de Lanaudière-CSN. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on la fait. Ça dérange les parents et les enfants et nous, nous perdons une journée de salaire. On aimerait mieux travailler, être auprès des enfants, mais l’intransigeance du gouvernement nous force à faire la grève pour éviter une plus grande dégradation de nos conditions de travail et d’exercice, parce que c’est de ça qu’on parle : empêcher les reculs. »
Les négociations sont rompues depuis jeudi soir dernier. Bien que la partie syndicale ait entendu les demandes patronales sur le régime de retraite, « le ministère refuse de continuer à négocier sur tous les sujets encore sur la table, car les solutions proposées par la partie syndicale ne sont pas SES solutions. Le nouveau ministre de la Famille, Luc Fortin, disait jeudi par voie de communiqué que la FSSS–CSN restait sur ses positions. Il devrait plutôt reconnaitre que l’intransigeance est de son côté », souligne Guy Laurion, vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux CSN (FSSS-CSN).
Plusieurs sujets d’importance sont toujours en discussions après plus de 30 mois, dont les salaires, l’assurance collective, les disparités régionales ou encore les pauses rémunérées. C’est sans compter celles portant sur les appellations d’emplois dont celle d’éducatrice spécialisée requise auprès d’enfants ayant des difficultés particulières, les heures allouées à la préparation pédagogique, ou encore la place des travailleuses sur les conseils d’administration et aux assemblées générales du CPE, qui a pourtant fait l’objet d’un consensus lors du Forum sur la gouvernance des CPE organisé par le gouvernement à l’automne 2014.
Pour Pierre Patry, trésorier de la CSN : « Il est assez paradoxal que le ministre de la Famille ait tenu la semaine dernière une Commission parlementaire sur son projet de loi no 143 pour assurer la qualité des services alors que son gouvernement a coupé 300 millions de dollars depuis 2014 et qu’il dispose de 7,8 milliards de dollars de surplus, en même temps qu’il refuse de donner les mandats nécessaires pour accorder des conditions décentes aux travailleuses dont la mission est justement d’assurer cette qualité ! »
Des actions partout au Québec
Des lignes de piquetage sont prévues tôt le matin devant plusieurs établissements dans toutes les régions. Des rassemblements et des manifestations sont aussi organisés dans plusieurs villes, dont Québec, Sherbrooke, Joliette, Rimouski, Cap-aux-Meules, Bonaventure, Rouyn-Noranda, Brossard, Gatineau, Trois-Rivières, Sept-Îles et Saint-Félicien.
« Chez nous, lance Francine Ranger, présidente du Conseil central de Lanaudière-CSN, nos 400 travailleuses vont s’activer par du piquetage tôt en matinée devant leurs installations et convergeront par la suite à Joliette pour un rassemblement suivi d’une manifestation dans les rues de la ville. Le Conseil central de Lanaudière va déployer tous les moyens pour que ces travailleuses aient gain de cause. Elles se battent pour maintenir la qualité de nos services éducatifs. »