Les groupes sociaux de Lanaudière réclament un budget pour la justice sociale

Courtoisie Conseil central de Lanaudière-CSN

À l’occasion de la Journée mondiale pour la justice sociale, des organismes communautaires et des syndicats lanaudois s’unissent pour réclamer un meilleur financement de nos services publics,  de nos programmes  sociaux et de nos organismes  communautaires  autonomes.  Ils souhaitent ainsi que soient améliorées la qualité des services et l’accessibilité aux institutions, aux organismes et aux programmes sociaux qui composent notre filet social affaibli par des années d’austérité. Les organisations sociales craignent aussi que le gouvernement se prive de revenus en diminuant les contributions fiscales des plus riches et des entreprises ce qui mettrait en péril le refinancement du filet social. Ainsi, plusieurs acteurs sociaux du milieu syndical  et communautaire  la région se sont mobilisés pour demander au nouveau gouvernement d’utiliser les 4.5 milliards de surplus budgétaires dégagés par les dernières années d’austérité pour soutenir l’avancement de la  justice  et l’équité sociale. À l’appel de la Coalition Main Rouge et de la Campagne Engagez-vous pour le communautaire des mobilisations et des actions  de visibilité  similaires  auront lieu dans toutes les régions du Québec aujourd’hui.

Kathleen Grenon, vice-présidente du Conseil central de Lanaudière-CSN souligne que « les nombreuses coupes ont mis à mal la grande majorité des services sociaux au Québec. La proximité et l’accessibilité s’en trouvent grandement affectées et nous sommes à même de constater que ce sont les gens les plus vulnérables de notre société qui en subissent les contrecoups. C’est sans compter les conditions de travail de plus en plus difficiles avec lesquelles doivent composer les  travailleuses  et travailleurs  qui  portent à bout de bras les organismes communautaires et les institutions de santé et d’éducation. » Sandra Morneau du Centre au cœur des femmes de St-Jean-de-Matha renchérit : « Les femmes sont les premières affectées par une modification du filet social que ce soit dû aux conséquences dans leur milieu de travail ou aux embuches dans l’accès aux services et aux programmes sociaux. Ce sont majoritairement les femmes qui deviennent aidantes naturelles pour offrir à leurs proches les soins qui ne sont pas offerts  par le système. Les femmes sont plus pauvres, plus fragilisées par des troubles de santé mentale et certaines vivent de l’itinérance invisible. La lourdeur de  la situation se fait sentir  chez les travailleuse s communautaires qui vivent elles-mêmes la détresse psychologique. »

Pour sa part le MÉPAL rappelle l’importance de mettre en place des mesures fiscales favorisant la redistribution des richesses ainsi que d’améliorer l’accès et les conditions de  plusieurs  programme s sociaux afin de réduire les inégalités sociales. Entre autres mesures, Sarah Girard, coordonnatrice du MÉPAL mentionne la lutte aux paradis fiscaux, le rehaussement de l’ensemble des revenus de base (bonification de l’aide sociale pour les personnes sans contrainte à l’emploi, établissement du salaire minimum selon l’indice du salaire viable), et le financement des organismes communautaires  autonome s qui œuvrent au premier plan à combattre la pauvreté au quotidien comme des mesures nécessaires pour réduire les inégalités. Hugo  Valiquette, coordonnateur de la TROCL rappelle que le milieu communautaire autonome revendique depuis déjà plusieurs années un rehaussement de son financement à hauteur de 475$ M ainsi  que l’indexation permanente du financement  pour tous les secteurs d’intervention. Investir dans le communautaire,  c’est socialement rentable. C’est aussi une mesure économique porteuse, car à chaque fois que le gouvernement investit dans le communautaire, les retombées sont partout, ici dans la région et dans toutes les communautés du Québec.

L’Association des Travailleuses et Travailleurs Accidentés du Matawin de son  côté, mentionne  que  le déni de droit mène directement à l’indigence et c’est un phénomène qui se systématise, tellement l’accès aux tribunaux administratifs est rétréci par des directives internes; plusieurs de nos lois à caractère social (ex : assurance-emploi, maladies/accidents liés au travail, aide sociale) sont dénaturées bureaucratiquement, ce qui empêche les simples citoyens de faire valoir et faire respecter leurs droits légitimes; ils deviennent privés des moyens financiers qui leur auraient servi pour se sortir d’un mauvais  pas. Le déni de droits va à l’encontre de la démocratie puisque, certes ces lois ont été votées en Assemblée nationale, mais leur application est modifiée à l’interne suite aux pressions de  lobbyistes.  L’accès à la justice sociale est aussi un enjeu de taille.

Les services publics ont aussi de criants besoins d’investissement et d’une réorganisation concrète et humaine. En ce sens, il est primordial de réinvestir dans le secteur de l’éducation  publique,  secteur qui tend à réduire les inégalités économiques et sociales. « Pour nous, l’éducation doit être une réelle priorité . Ainsi, cela doit notamment se traduire par un réinvestissement afin d’obtenir des compositions de classes plus équilibrées ainsi que des services suffisants pour favoriser la réussite des élèves et, par le fait même, permettre le déploiement de l’expertise enseignante. Pour donner de l’air  au système, il faut aller  au-delà du discours cosmétique sur les structures et considérer les solutions que  les enseignantes et enseignants  ont à offrir », affirme François Breault, président du Syndicat de l’enseignement de Lanaudière. Pour Richard Belhumeur, représentant national de  l’APTS, il faut également réduire la place   indue qu’occupent les médecins dans le système afin d’instaurer une approche multidisc iplina ire où tous et toutes agiront en complémentarité et donneront des services selon leur propre  champ  de  compétence. Nos concitoyen-nes ne s’en porteront que mieux. » Ce dernier considère qu’il importe d’éviter la tentation d’utiliser la marge de manœuvre dégagée par les surplus accumulés pour baisser les impôts au détriment des services.

Au cours des dernières semaines, les organismes communautaires et les syndicats de la région ont été invités à récolter la parole de leurs membres afin de transmettre aujourd’hui au premier ministre, aussi député de L’Assomption, l’importance du filet social pour eux et elles. Les citoyens et citoyennes ont toujours la possibilité de le faire via les sites jaimelecommunautaire.org  et sauvonslefiletsocial.org. Nous espérons qu’une telle démarche puisse rappeler au gouvernement l’importance de mettre la justice sociale au cœur de son prochain budget afin de contrer le recul des conditions de vie des femmes, des personnes en situation de pauvreté, des accidenté.es du travail, des personnes vivantes avec un handicap physique , une déficience intellectuelle ou une problématique en santé mentale. De plus, nous espérons qu’un réinvestissement puisse diminuer la détresse au travail dans les milieux de l’éducation, de la santé et de l’action communautaire autonome.