Le policier Guillaume St-Louis reconnu coupable

Photo d'archives

Au terme d’un procès de plusieurs jours, l’agent Guillaume St-Louis, du poste de la Sûreté du Québec à Lavaltrie, a été reconnu coupable de voie de fait causant des lésions corporelles sur un automobiliste.

Le juge Carol Richer s’est dit convaincu de la culpabilité de l’accusé selon l’ensemble de la preuve présentée devant lui, le 8 décembre, en rendant sa décision, au palais de juste de Joliette.

Le Tribunal a cependant prononcé un arrêt conditionnel sur un chef d’agression armée et a acquitté M. St-Louis d’un chef d’avoir utilisé une arme télescopique de manière négligente ou sans prendre suffisamment de précautions pour la sécurité d’autrui.

Guillaume St-Louis coupable
Photo d’archives. Guillaume St-Louis

Rappel des faits

Le 9 décembre 2014, vers 9h30, Alexandre Hébert est allé reconduire sa fillette de 11 mois à la garderie à Lanoraie. Lors de son témoignage, en janvier dernier, M. Hébert avait raconté que son véhicule a emprunté la rue Faust et la rue Émile. Au coin d’Émile et Perreault, il a croisé l’auto-patrouille conduit par Guillaume St-Louis.

Un peu plus loin, M. Hébert avait vu les gyrophares du véhicule policier. Il ne s’était pas immobilisé immédiatement car il croyait n’avoir commis aucune infraction au code de la sécurité routière.

Rendu au coin des rues Perreault et Honoré-Beaugrand, Alexandre Hébert avait immobilisé son véhicule après avoir entendu le klaxon du véhicule policier. Il avait sorti la tête pour demander à Guillaume St-Louis pourquoi il l’arrêtait. Ce dernier lui avait répondu sur un ton autoritaire que c’est parce que son véhicule avait les vitres teintées. La présumée victime lui avait alors répondu qu’il avait acquis le véhicule comme ça.

Alexandre Hébert avait mentionné que le policier lui avait alors demandé ses papiers. M. Hébert avait témoigné qu’ils ne les avaient pas sur lui car il n’avait pas son portefeuille, car il portait du linge mou étant donné la courte distance qu’il avait à parcourir pour conduire sa fille à la garderie.

Près de la portière du véhicule d’Alexandre Hébert, Guillaume St-Louis lui avait demandé de sortir de son véhicule.  M. Hébert parlait tout bas et dit « Ayoye c’est le fun ». Le policier l’avait immédiatement accusé de l’avoir envoyé chier.

M. Hébert était sorti difficilement de son véhicule en raison du peu d’espace laissé par le policier St-Louis. Alexandre Hébert s’est senti intimidé et le policier lui a demandé d’enlever ses lunettes, ce que M. Hébert ne fait pas. Le policier les a alors enlevé agressivement.

Après que l’agent St-Louis lui annonce qu’il va alors le mettre en arrestation, M. Hébert croyait à une blague. Au bout de quelques secondes, il constate que sa vue devient embrouillée et que du poivre de cayenne avait été aspergé sur ses doigts.

Le policier a demandé à Alexandre Hébert de mettre ses mains sur le capot. C’est alors que Guillaume St-Louis l’aurait frappé « entre cinq et dix fois au dos, entre cinq et dix fois aux jambes ainsi qu’au moins trois coups derrière la tête », selon la version de M. Hébert.

À la suite de l’événement, M. Hébert était ensanglanté au niveau de la tête. Il a subi une fracture à un doigt qui a nécessité deux interventions chirurgicales ainsi que des blessures au niveau de la tête et au tibia.

Guillaume St-Louis coupable
Photo d’archives. Alexandre Hébert, la victime

Menacé et à bout de forces

Guillaume St-Louis avait témoigné pour sa défense. Celui-ci avait précisé que les coups donnés avec ses poings et son bâton télescopique ainsi que l’utilisation du poivre de cayenne s’expliquent par le fait qu’il se sentait menacé et à bout de ses forces.

« Quand j’ai demandé à M. Hébert de sortir de son véhicule, car je craignais qu’il quitte les lieux, il était arrogant et agressif. Il s’est approché de moi en me poussant avec sa poitrine avant de me pousser à nouveau avec ses mains », avait-t-il mentionné. La présumé victime a continué à s’avancer vers le policier qui l’a alors aspergé de poivre de cayenne. Comme M. Hébert ne semblait pas réagir et tente de prendre le bâton télescopique du policier, ce dernier le saisit et donne deux coups de bâton au niveau de la cuisse de la présumée victime.

Parce que M. Hébert ne réagissait pas plus, le policier lui donne 2-3 coups de poing au visage. Lors de son contre-interrogatoire, la Couronne, représentée par Me LyLy-Ann Ratelle avait questionné Guillaume St-Louis sur le pourquoi, durant l’intervention, il n’avait pas demandé  du renfort. « Je n’avais pas le temps d’y penser. Le temps de réaction était réduit. Ça enlevait des options », avait-t-ii rétorqué.

Sentence à venir

À la suite du verdict de culpabilité, l’avocate de l’accusé, Me Nadine Touma, a demandé de reporter les plaidoiries sur la peine au 6 février prochain.

Guillaume St-Louis a été mis en accusation par voie sommaire, le 3 juin 2015. Il est suspendu avec solde de ses fonctions depuis le début des procédures judiciaires.

Alexandre Hébert, pour sa part, a été accusé de voie de fait, de menace et d’entrave au travail d’un agent de la paix. Le Directeur des Poursuites Criminelles et Pénales a cependant retiré ces accusations.