Le ministère transférera les appels nocturnes de la ligne 1 866 APPELLE vers l’Info-Social de l’Estrie

Courtoisie

Ce matin, les dirigeants du Centre de prévention du suicide de Lanaudière (CPSL) s’adressaient aux médias devant une salle comble. Une quarantaine d’acteurs de la région, parmi lesquels figuraient des représentants de députés provinciaux et fédéraux et des médias, des représentants de L’Association québécoise de prévention du suicide, de la Table régionale des organismes communautaires de Lanaudière, d’un service de police et d’organismes communautaires autonomes actifs en santé mentale, en hébergement en période de crise, en prévention des toxicomanies, en défense des droits, en travail de rue, un centre de femmes, une maison de transition et d’autres encore ont, par leurs questions, commentaires et témoignages démontré leur soutien à la cause et au CPSL. L’enjeu de la conférence était la décision du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) de transférer les appels entrant la nuit au 1 866 APPELLE vers la ligne Info-Social (811) de l’Estrie. Une décision qui, selon Joyce Lawless, directrice de l’organisme, « n’est pas sans conséquence. Il y a un risque bien réel et il faut s’en inquiéter ».

Un peu d’histoire

Depuis 2000, le CPSL offre aux personnes en détresse, à leur entourage, aux personnes endeuillées par suicide et aux intervenants, divers services dépassant largement l’intervention téléphonique effectuée à sa ligne locale, le 450 759-6116 qui est toujours en fonction, ainsi qu’à une ligne sans frais de type 1 800. En novembre 2001, le ministère de la Santé et des Services sociaux lance la ligne provinciale 1 866 APPELLE.

Le volume d’appels entrant au CPS de Lanaudière durant la nuit (0,9 appel en moyenne) ne justifiant pas le maintien d’un quart de travail nocturne, le CPSL a conclu en 2008 une entente avec le CPS situé à Trois-Rivières pour que les appels lanaudois entrants dans cette plage horaire soient transférés vers cette ressource. Cette entente permet au CPSL de récupérer du temps d’intervention (représentant 56 heures par semaine) rendant possibles un déploiement plus large des services existants et le développement de nouveaux services comme le groupe de soutien pour enfants et les services à l’entourage de personnes suicidaires. Près de 10 ans plus tard, l’initiative s’avère un succès humain et administratif, démontrant, de surcroît, une saine gestion financière.

En octobre 2014, le MSSS a imposé divers standards aux ressources mandataires de la ligne provinciale dont un vise à rendre celle-ci accessible, 24 h/ 7 j, à toute la population du Québec par le biais d’un mandataire unique dans chaque région.

Depuis quelques mois, une rumeur circule à l’effet que le MSSS imposerait le transfert des appels entrant au 1 866 APPELLE la nuit, dans Lanaudière, vers la ligne Info-Social de l’Estrie. Selon cette rumeur, Lanaudière ne serait pas la seule région touchée par la manœuvre. Hier, le CPSL a reçu un courriel du CISSS de Lanaudière l’informant que ce dernier se doit d’appliquer les orientations ministérielles, desquelles découle la décision de transférer les appels à l’Info-Social. Dans le même courriel, le CISSS indique qu’il doit identifier la personne de son organisation qui discutera avec le CIUSSS de l’Estrie des modalités du transfert, comme les références et les collaborations et communications à établir entre les partenaires concernés, notamment le CPSL, les établissements et le 911.

Les demandes de services en prévention du suicide entrant la nuit par le biais de la ligne 1 866 APPELLE passeront donc du milieu communautaire au réseau public.

Pourquoi viser le maintien du statu quo?

Le CPSL a plusieurs raisons de penser que la bascule des appels lanaudois vers le CPS d’une autre région est la solution la plus efficace et la plus sécuritaire pour les Lanaudois. « Pour résumer notre argumentaire nous dirions que puisque l’approche clinique préconisée par les deux organismes est identique, que les services découlant des interventions sont similaires, que les communications entre les deux CPS sont rapides et que le transfert des appels de nuit vers un autre CPS représente une gestion responsable et efficiente des ressources de notre organisme, le maintien du statu quo nous apparaît être la solution permettant de conserver une stabilité d’intervention pour la population vulnérable se rapprochant le plus de la réponse régionalisée visée par les standards ministériels », a affirmé le président de l’organisme et endeuillé par suicide, monsieur Michel Pilon

Il a également ajouté qu’ « en composant le 1 866 APPELLE, les personnes ne s’attendent pas à joindre l’Info-Social qui est appelé à travailler une grande diversité de problématiques. Ils font plutôt le choix de s’adresser à un organisme spécialisé en prévention du suicide. Même si le ministère accordait un plus long délai pour permettre une transition mieux préparée, il nous apparaît tout de même plus pertinent, pour toutes les raisons exposées précédemment, de maintenir le statu quo. Il en va de la stabilité et de la qualité de l’intervention réalisée auprès de personnes particulièrement fragilisées et, par conséquent, de la sécurité de la population ».

Le CPSL questionne et s’active pour renverser la vapeur

Le CPSL est inquiet du changement annoncé, tout comme le sont les nombreux représentants des organisations présentes qui ont manifesté leur incompréhension et leur insatisfaction face à la décision du MSSS. Le CPSL questionne ce dernier sur les problèmes engendrés par le modèle actuel, sur les avantages de la bascule des appels vers l’Info-Social de l’Estrie, sur la garantie quant à l’efficacité des services et la fluidité des références pour tous les appelants ainsi que sur les coûts

inhérents à ce changement. La députée Véronique Hivon et des représentants de François Legault ont été rencontrés par les dirigeants du CPSL. Les deux députés ainsi que plusieurs autres dont des représentants ont été rencontrés ce matin ont annoncé leur appui à l’organisme. Une campagne de lettres d’appui prendra forme dans les prochains jours, commençant par une lettre de Michel Pilon adressée à la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie, madame Lucie Charlebois.