Un homme et une femme qui formaient un couple et qui ont commis des gestes de nature sexuelle sur leur jeune enfant en plus d’avoir eu en leur possession de milliers d’images de pornographie juvénile ont été condamné à de lourdes peines de prison, le 1er décembre, au palais de justice de Joliette.
L’homme, qui aura 32 ans dans quelques jours, a reçu une sentence globale de 13 ans d’incarcération alors que la femme, maintenant âgée de 30 ans, passera les 11 prochaines années derrière les barreaux.
En rendant les peines, le juge Normand Bonin s’est montré cinglant envers les deux accusés. « Leurs gestes ont été réfléchis de maintes façons et à maintes occasions. Nous faisons ici face à une situation d’abus prolongé alors que l’enfant n’avait qu’un an et trois et s’étant prolongé jusqu’à sept ans. Le tout commis avec un degré des plus uniques de préméditation, soit depuis la grossesse », a commenté le juge dans sa décision.
Pour le magistrat, il y a peu de facteurs atténuants dans ce dossier. Les accusés ont plaidé coupable devant la preuve accablante, évitant les victimes de témoigner. Ceux-ci n’avaient aucun antécédent judiciaire. De plus, la dame a considérablement collaboré avec les instances policières en exposant l’ensemble des crimes commis de façon détaillée.
À l’opposé, le juge Bonin a précisé, que l’ex-couple était en situation de confiance et d’autorité vis-à-vis leur enfant, en l’exploitant, en le faisant parfois avec la complicité d’autres adultes, parfois de purs étrangers. Parmi les autres facteurs aggravants, le juge a souligné les tentatives de normalisation, les récompenses, le faits d’imposer à l’enfant de visionner des films pornographies et les menaces utilisées auprès de l’enfant.
Pour le tribunal, il est facile de comprendre combien de distorsions ont été enseignées à la victime, combien le développement de sa sexualité, de son estime de soi et de sa personnalité ont été atteints. « Il faudra beaucoup de travail et beaucoup de temps auprès de l’enfant pour la rééduquer de façon à ce qu’elle puisse vivre épanouie et faire confiance à des adultes ou quiconque », a souligné le juge Bonin.
La Couronne, représentée par Me Roxanne Gagné, demandait 13 ans pour l’homme et dix ans pour la femme. L’avocate de l’homme, Me Joanie Cherrier, a suggéré sept ans, alors que le procureur de la dame, Me Johnny Bianchi, estimait qu’une peine de six ans serait suffisante.
Les accusés, qui étaient séparés par un paravent, lors de l’audience du 1er décembre, n’ont démontré aucune émotion durant le prononcé de la peine.
Compte tenu que les accusés sont détenus depuis leur arrestation, le 6 juin 2016, soit 543 jours, le juge Bonin a appliqué le crédit de 1,5 jour par jour de détention préventive. Cela signifie qu’il reste 10 ans, neuf mois et 8 jours à purger pour l’homme à compter de maintenant et huit ans, neuf mois et 8 jours pour la dame.
Rappel des faits
Les deux accusés avait plaidé coupable, en mai dernier, à 16 accusations de nature sexuelle, soit possession, distribution et production de pornographie juvénile, d’agression sexuelle, de contact sexuel, d’incitation à des contacts sexuels. L’homme a aussi plaidé coupable à un chef supplémentaire d’inceste.
L’ancien couple avait commis ces gestes entre juin 2010 et juillet 2016, à Montréal, Saint-Lin et Québec. L’enquête dans ce dossier a débuté à l’été 2015 après que Skype ait découvert qu’il y avait eu télé-versement d’un fichier contenant de la pornographie juvénile. Il s’agissait d’une photo de l’accusé nu en érection avec une fillette de 5-6 ans qui portait des vêtements sexy. La fillette était celle des accusés.
Les accusés avaient pris des photos suggestives de la fillette dans la chambre de ceux-ci à Saint-Lin, via un téléphone cellulaire.
Lorsque rencontrée par les enquêteurs, la fillette avait expliqué que son père a tenté d’entrer son pénis dans vulve et ses fesses. Des gestes de fellation ont aussi été faits par l’enfant, dont la technique a été montrée par la mère. Des cunnilingus ont aussi eu lieu par le biais des parents.
Dans les ordinateurs saisis, on a retrouvé 9747 fichiers graphiques uniques de pornographie juvénile et 37 fichiers d’animation.
Le couple de Saint-Lin avait aussi rencontré un couple de Québec via internet. Après des échanges sur le web, les deux couples se sont rencontrés en personne. Dans la même chambre, où tous les adultes et une fillette de chaque couple étaient présents, des cunnilingus ont été faits par les femmes alors que l’homme de Saint-Lin encourageait verbalement ces gestes.
De plus, l’ancien couple a eu plusieurs conversations avec d’autres utilisateurs Skype et WhatsApp. Dans celles-ci, l’homme et la femme ont parlé de comportements de bestialité envers les animaux soit des chiens et des chevaux. Des images et des vidéos ont été enregistrées par les accusés et transmis à d’autres interlocuteurs.