Lanaudière : les compressions budgétaires mettent en péril l’accès aux soins

Courtoisie Association des médecins de famille Laurentides-Lanaudière (AMOLL)

Alors que le territoire doit déjà conjuguer avec une importante pénurie de personnel, un financement inadéquat et des besoins criants, les travailleurs et les professionnels de la santé de Lanaudière s’inquiètent des répercussions inévitables des compressions imposées par le gouvernement sur leurs patients et l’accès à la première ligne. 

En activité depuis le 1er décembre dernier, rappelons que Santé Québec s’est vu imposer de couper 1,5 milliards de dollars dans le réseau par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) – une commande gouvernementale insensée qui fait pression sur un système déjà trop affaibli, peinant à répondre à la demande partout au Québec, mais plus particulièrement dans la région de Lanaudière, qui figure parmi les plus négligées du réseau. 

Pénurie criante de personnel 

« Chaque jour, les médecins de famille doivent faire des prouesses pour permettre à leurs patients d’obtenir les soins appropriés comme obtenir un scan ou une consultation dans un délai raisonnable. Il en va de leur santé; c’est préoccupant. Ce manque d’accessibilité, les bris de service et le déplacement de ressources de proximité que nous avons connus dans la région sont le triste résultat d’un manque de vision et de prévisibilité des services de la part du gouvernement. Sans les outils et les ressources nécessaires pour soigner de façon adéquate, les médecins de famille sont comme des ouvriers pas de marteau. On s’inquiète profondément de la situation qui risque de s’aggraver, de rendre encore plus difficile l’accès aux services et d’impacter directement les patients si le gouvernement n’entend pas raison. », précise Dre Lyne Couture, présidente de l’Association des médecins de famille Laurentides-Lanaudière (AMOLL), rappelant que le Québec est aux prises avec une pénurie criante d’au moins 1 500 médecins de famille, dont plus de 100 dans la région de Lanaudière. 

Financement inadéquat des services au profit de la gestion Depuis 2019, le nombre de gestionnaires dans le réseau de la santé a augmenté de 36,5 % – une augmentation plus rapide que celle du reste du personnel qui a connu une croissance d’environ 15 % sur la même période, et ce, bien malgré les besoins grandissants. Une telle augmentation de gestionnaires a certainement contribué à faire gonfler la facture en santé. Dans un contexte de compression, et si la priorité demeure de soigner les patients, il est illogique de couper dans des postes offrant des services à la population. En deux mois, rappelons que 1 700 employés du réseau ont perdu leur emploi partout au Québec. 

« Nous ne pouvons que déplorer l’approche hospitalo-centriste au détriment de la prévention en santé publique. Cette façon de faire accentue la pression sur les besoins en ressources de soins, au détriment de la santé de la population. Par ailleurs, les ressources déjà affaiblies par une mauvaise gestion chronique et un sous-financement sont mal utilisées et souvent détournées au profit du secteur privé. », affirment Chantal Maillé et Patricia Rivest respectivement présidentes du Conseil central des Laurentides-CSN et du Conseil central de Lanaudière-CSN. 

Des conséquences pour tous les patients « Ces coupures font très mal aux Québécois.es et encore plus aux groupes vulnérables comme les familles à faible revenu, les personnes âgées, les enfants issus de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) ou encore les personnes aux prises avec une déficience. Mais ne nous y trompons pas : c’est un choix politique, pas une fatalité. La santé et les services sociaux ne devraient pas faire l’objet de compressions, mais ils devraient bénéficier d’un bouclier de protection budgétaire : s’il y a une chose qui ne doit pas être à la merci des fluctuations économiques, c’est bien l’accès de tou.te.s à des services de qualité, publics et universels. », affirme Steve Garceau, représentant national de l’APTS pour la région de Lanaudière. 

« Considérant le vieillissement de la population de Lanaudière, les besoins en matière de soins de santé augmentent. Le manque de financement, mais également les compressions budgétaires ont des conséquences directes sur les soins offerts à la population. Cela nuit également à notre capacité d’attirer et de retenir les professionnels en soins dans Lanaudière. », ajoute Mme Marie-Chantal Bédard, présidente de la FIQ-SIL Lanaudière. 

Bien que les compressions demandées par le MSSS menacent les services offerts à la population, les représentants de l’AMOLL, de la CSN, de la FIQ et de l’APTS, qui réitèrent toute l’importance d’un système public, universel, de qualité, efficace et gratuit, tiennent à rassurer les patients. « Depuis toujours, les professionnels de la santé font preuve d’un dévouement hors pair et sont à pied d’oeuvre pour soigner leurs patients malgré les embûches grandissantes. Parce qu’ils portent le système à bout de bras, il est temps plus que jamais de reconnaître véritablement leur apport et de leur donner tous les outils pour optimiser l’accès et offrir à la population les services auxquels elle a droit. Non pas d’ajouter des restrictions supplémentaires. », précisent d’une même voix les quatre représentants.