Pour avoir poignardé à mort de 62 coups de couteau son ancienne petite amie de coeur, un meurtrier devra passer au moins les 13 prochaines années dans un pénitencier avant d’être éligible à une libération conditionnelle.
Max Aubin, 25 ans, a reçu sa peine ce matin au palais de justice de Joliette. Initialement accusé de meurtre prémédité et d’harcèlement criminel, il avait, à quelques semaines du début de son procès devant jury, avait plaidé coupable, le 20 décembre dernier, devant la juge Helen Di Salvo, de la Cour supérieure, à une accusation réduite de meurtre au second degré. Il a reconnu avoir tué Mylène Laliberté dans la soirée du 16 janvier 2017 à Saint-Lin-Laurentides.
Après une longue réflexion, la juge a donc accepté la suggestion commune faite par la Couronne, représentée Me Stéphanie Arel, et par la Défense, représentée par Me David Petranic, le 18 juin dernier. A ce moment-là, le tribunal avait remis en question cette suggestion, notamment en raison la nouvelle relation de l’accusé avec une jeune femme qui semble vulnérable et de l’utilisation d’un téléphone cellulaire, alors qu’il était en détention.
Pour le tribunal, le rapport présentenciel préparé par un agent de probation est défavorable pour l’accusé. « La route sera longue. Il a fait preuve de peu d’introspection depuis qu’il est en détention préventive », a commenté la juge Di Salvo
Pour la juge, il y avait plusieurs facteurs aggravants dans ce dossier, soit que le crime a été commis dans un contexte de violence conjugale et d’une violence inouïe, l’utilisation d’un couteau que l’accusé possédait, le fait qu’il ait défoncé la porte de la résidence de la victime pour y commettre le geste. Les seuls facteurs atténuants sont le plaidoyer de culpabilité et l’absence d’antécédents judiciaire.
L’accusé n’a pas bronché tout au long du prononcé de la peine. Il avait présenté ses excuses lors des représentations sur sentence, il y a quelques semaines.¸
« J’en conviens, c’est peut-être incompréhensible pour la famille, surtout compte tenu du rapport présentenciel défavorable. Si le Max Aubin d’aujourd’hui est le Max Aubin dans 9-10 ans, il serait surprenant qu’il puisse obtenir sa libération conditionnelle », a déclaré la juge Di Salvo en guise de conclusion.
Rappel des faits
La victime dans cette affaire avait été retrouvée sans vie dans son logement de la Place Mario. L’accusé et la victime s’étaient fréquentés durant l’été 2016 mais avaient rompu, Aubin n’acceptait pas cette rupture.
Quelques heures avant le meurtre, Max Aubin avait consommé de la cocaïne en compagnie d’amis et décide, à un certain moment, d’aller parler à Mylène Laliberté afin de tenter de régler leurs différends en personne plutôt que par message texte. Un des amis proche de l’accusé appuie l’idée et se rendent au domicile de la victime qui n’y est pas.
Dans la même soirée, les deux personnes retournent au domicile de Mme Laliberté. Aubin a, en sa possession couteau repliable qu’il garde toujours sur lui.
Il cogne chez la victime qui entre-ouvre la porte de son domicile, la referme et constate l’état d’intoxication de l’accusé et refuse de lui ouvrir à nouveau.
C’est alors qu’il défonce la porte et s’introduit dans le domicile de la victime. Une altercation verbale éclate. Il poignarde ensuite Mme Laliberté avec son couteau et avec un deuxième qu’il prend dans un bloc qui se trouve sur le comptoir de la cuisine. Au total, il a donné 62 coups de couteau sur la dame.
À la suite du drame, Aubin se serait rendu chez des amis à Saint-Roch-de-l’Achigan, où il aurait tenté de mettre fin à ses jours, en s’infligeant des blessures. Il s’était auparavant changé de vêtements en plus de se laver sommairement.
Rapidement, le décès avait été considéré comme une mort suspecte et l’enquête avait été transférée aux Crimes contre la Personne de la Sûreté du Québec. Les enquêteurs avaient aussi mis peu de temps à identifier l’accusé comme témoin important. Il avait été arrêté dans les heures suivantes et il est détenu préventivement depuis.