La Journée internationale des travailleuses et travailleurs n’aura pu être un meilleur concours de circonstances pour que les syndiqués de l’usine de Kruger à Crabtree déclenchent la grève à 0h00 ce matin.
Rappelons que les 380 salariés présents à l’assemblée générale des 20 et 21 mars derniers ont adopté à l’unanimité (100%) un mandat permettant au syndicat de déclencher la grève au moment jugé opportun sous toutes ses formes incluant la grève générale illimitée. Depuis, le syndicat a déclenché une première grève de 30 minutes le 22 mars, une seconde de 45 minutes le 27 mars et une troisième de 2h45 le 19 avril dernier. Tout cela afin de forcer l’employeur à terminer la négociation des éléments normatifs de la convention collective échue depuis le 30 avril 2023.
Un an sans convention c’est trop long !
À ce jour, les parties n’ont toujours pas complété la négociation des enjeux normatifs. L’employeur se braque et refuse de maintenir un rythme des pourparlers qui permettrait enfin de débuter la négociation des enjeux monétaires.
« On la connait leur stratégie de vouloir noyer le poisson! Ça fait un an aujourd’hui que nous sommes sans convention. Le comité de négociation syndical est libéré à temps plein pour négocier depuis le début du mois d’avril. Nous nous rendons disponibles 5 jours par semaine. Plus de 60 rencontres en vis-à-vis ont eu lieu et regardez où tout ça nous mène… Autant de manque de volonté et de considération c’est dégoutant de la part d’une compagnie qui se prétend être un employeur de choix. La vérité, c’est que la direction ne digère pas le fait que le tapis leur glisse sous les pieds. Que leur régime de gestion de terreur à coup de discipline et de menace ne fait plus peur. Que nos gens s’éveillent, se solidarisent et s’unissent pour se faire respecter.
Que nos membres ne demandent qu’équité, justice, équitabilité et reconnaissance et qu’ils sont prêts à se battre pour ça. Notre employeur a fini de faire la pluie et le beau temps. Un an sans convention c’est long, mais 20 ans à se faire marcher dessus c’est révoltant », déclare monsieur Éric Sourdif, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs des pâtes et papiers de Crabtree – CSN.
Un énorme travail de mise à jour de la convention collective est à réaliser. Au fil des ans, l’employeur a développé des pratiques de gestion quotidienne basées sur la pratique. Cependant, il a de plus usé à outrance de son droit de gérance au gré du vent créant des lacunes importantes dans les relations de travail. Le travail au niveau normatif vise donc à consigner clairement les pratiques avec des textes précis dans la convention collective. En ralentissant le processus de négociation des enjeux normatifs, l’employeur tend un piège au syndicat en misant sur l’écœurement tout en noyant le poisson éventuellement dans les enjeux monétaires à venir.
« Nous avons signifié plus d’une fois à Kruger que cette ronde de négociation était la nôtre. On a fait des concessions dans le passé pour assurer la pérennité de nos emplois. Notre bout, on l’a fait. Maintenant, c’est notre tour. Si Kruger cherche la confrontation, ils vont l’avoir. Nos membres sont déterminés, unis et solidaires, mais aussi de plus en plus impatients », ajoute Monsieur Sourdif.
Le syndicat des travailleuses et travailleurs des pâtes et papiers Crabtree a déclenché la grève ce matin à 0h01. Un rassemblement est prévu ce midi devant l’usine auquel se joindront les militantes et militants du Conseil Central de Lanaudière en assemblée générale, des militantes et militants d’autres syndicats Kruger au Québec ainsi que d’autres syndicats de la région.
«Le Conseil Central de Lanaudière donne son appui inconditionnel aux travailleuses et travailleurs de Kruger. C’est la première fois depuis les années 50 que le syndicat exerce la grève. Leur lutte est historique et nous saluons leur détermination et leur courage » conclu Patricia Rivest, présidente du conseil central de Lanaudière et membre du STTPPC – CSN.
Au moment d’écrire ces lignes, le syndicat n’est pas en mesure d’annoncer la durée prévue de cette grève. La situation est évaluée d’heure en heure et toutes les options sont envisagées.
À propos
Le Syndicat des travailleuses et travailleurs des pâtes et papiers de Crabtree – CSN représente plus de 500 membres de l’usine de Kruger à Crabtree. Il est affilié à la Fédération de l’industrie manufacturière – CSN (FIM-CSN) qui compte plus de 320 syndicats affiliés, représentant environ 25 000 membres œuvrant dans le domaine industriel québécois. Il est également affilié au Conseil central de Lanaudière – CSN qui représente plus de 14 000 membres répartis en près de 81 syndicats sur son territoire.