Idle no more Joliette réclame la démission du PDG du CISSS de Lanaudière

Photo courtoisie Jess Lambert M

Le 28 novembre, Idle no more Joliette était sur la place Bourget au centre-ville de Joliette afin de rendre hommage à Joyce Echaquan. Deux mois jour pour jour après la mort de Joyce, le regroupement tenait à s’exprimer sur la place publique et demander le licenciement de M. Daniel Castonguay, le président directeur général du CISSS de Lanaudière. 

La mort tragique de Joyce Echaquan, une femme atikamekw de la communauté de Manawan, décédée à l’hôpital de Joliette le 28 septembre 2020, n’est pas un cas isolé. Un climat de racisme et de discrimination régnant à l’hôpital de Joliette a bien été documenté et dénoncé de façon formelle par des membres de la communauté atikamekw depuis de nombreuses années. Des témoignages ont même été consignés dans le rapport de la Commission Viens, et ces plaintes n’ont pas eu de suivi. M. Daniel Castonguay, le président directeur général du CISSS de Lanaudière a déclaré publiquement qu’il n’était pas au courant des nombreuses plaintes de racisme formulées par des Autochtones à l’endroit de l’hôpital de Joliette.

«Comment peut-on se sentir en sécurité lorsqu’une institution qui est en charge de soins de santé ne nous prend pas en considération, quand on sent que notre vie a moins de valeur que celle d’autres personnes? Comment faire confiance au système et remettre notre vie entre ses mains?»  Emma Echaquan, co-instigatrice du mouvement IDLE NO MORE Joliette.

Il s’agit bien là d’un système. Beaucoup de gens associent la mort de Joyce à du racisme individuel. Les propos des infirmières ont été durs, crus, directs. Personne ne nie que ce sont des paroles racistes. Par contre, depuis le congédiement de ces deux infirmières, est-ce que les Atikamekw de la communauté de Manawan ont perdu toute crainte de se rendre à l’hôpital de Joliette? Non. Car le problème est plus grand que ça, il est inscrit dans l’organisation, dans la culture, et donc dans le système de cet hôpital.

  1. Castonguay avait pour mandat de veiller à l’implantation de corridors de services permettant aux patients de recevoir des soins adéquats, tout au long de leur parcours dans le réseau. Il est de la responsabilité du gouvernement du Québec de s’assurer que les gestionnaires des institutions de santé publique exercent leurs responsabilités de haut niveau avec compétence, dans un souci exemplaire de transparence, au bénéfice des gens de la région.

«Nous devons regarder qui prend les décisions, qui est à la tête du centre hospitalier. Qui rejette les plaintes et décide de ne pas faire de suivi? Qui protège les nombreux membres du personnel soignant qui ont des comportements problématiques? Cette inaction, installée depuis des années, a laissé croire que “c’est correct” de procéder comme ça, et c’est ce qui a mené les personnes concernées à se sentir confortables de prononcer des paroles aussi graves envers une patiente et de négliger ses soins. » Valérie Bergeron, résidente de Joliette

«Le racisme systémique est « un ensemble d’oppressions vécues par les personnes autochtones et racisées ». Il est souvent causé par des préjugés et stéréotypes entretenus par les personnes en position de majorité et de pouvoir (blanches), et il « perpétue les inégalités […], notamment en matière d’éducation, de revenus, d’emploi, d’accès au logement », de santé et de médias. » (Commission des droits de la personne et de la jeunesse) Le racisme systémique est beaucoup plus subtil que le racisme individuel, que tout le monde est capable de percevoir par des mots ou des gestes.

Pour tenter de briser ce système qui perpétue les inégalités à plusieurs niveaux, il faut tout d’abord reconnaître l’existence du racisme systémique. On ne peut pas lutter contre un problème qu’on juge inexistant. Des actions concrètes sont à mettre en place afin de bâtir un lien de confiance envers les services de santé publics. C’est pourquoi nous exigeons le licenciement de M. Castonguay qui n’a pas su relever les défis importants auxquels il était appelé à faire face.

Photo courtoisie Jess Lambert M