D’hier à aujourd’hui (première partie)

Photo courtoisie Alloprof

Dans le cadre d’un cours du Cégep de Joliette, j’ai été amenée à traiter d’un sujet de mon choix portant sur une des grandes tragédies de l’histoire. À la suite des récents événements survenus à Joliette, il m’était impossible de passer sous silence une situation aussi importante que la cause autochtone. Mon nom est Juliette Breault, j’en suis à ma deuxième année du programme de sciences de la nature et comme citoyenne et jeune étudiante, sensible à autrui et à la tolérance, dans ce monde, trop individualiste,  je me donne pour mission d’intervenir et sensibiliser le plus d’individus à cette réalité.

Hier.

Azraya Ackabee-Kpkopeace, Deborah Ann Sloss, Trudy Gopher, Joséphine Chakasim, Nicole Daniels, … « Qui sont et qu’ont en commun toutes ces femmes? », vous me direz. Il s’agit de quelques-unes de celles que l’on retrouve sur la très (trop) longue liste de femmes autochtones dont la mort demeure suspecte au Canada. Ne vous méprenez pas, on ne parle pas ici d’une dizaine d’entre elles, mais bien de plus de 1200 depuis une trentaine d’années, ici, sur notre belle terre canadienne. « Notre » belle terre. Cet anodin passage met en lumière l’absurde idée que se fait la typique et privilégiée personne blanche originairement québécoise de l’histoire de sa province, de son pays et de sa culture. Pourquoi ne pas effectuer un bref retour sur l’histoire des peuples des Premières Nations, qui étaient « sur leurs terres » bien avant que l’Homme blanc n’arrive pour coloniser ces dernières, et tant qu’à y être, pourquoi ne pas laisser tomber les idées préconçues et les stéréotypes qui accompagnent chaque québécois lors de son apprentissage de l’histoire de la Belle Province. Ceci est le premier de 2 billets qui permettront de faire la lumière sur une mince partie du projet de colonisation européen et des cicatrices qu’il a laissé sur la vie des membres des Premières Nations, principalement sur celle des femmes autochtones.

  1. « Découverte de l’Amérique », par Christophe Colomb, à ne pas confondre avec « découverte d’un nouveau territoire complètement inhabité à la portée des rêves européens les plus fous ». Il s’agit simplement de l’année reconnue dans tous les livres d’histoire comme le début de l’histoire de l’Amérique. Avant ce temps, une toute autre réalité s’y déroulait. Les Premières Nations occupaient une vaste étendue des terres et parvenaient à répondre à l’ensemble de leurs besoins, gracieuseté des ressources de la nature qui les entourait. Une grande similitude dans la culture des membres de ces familles et tribus était observée, puisqu’elle avait été formée au sein d’un environnement commun. Fast forward à l’historique rencontre des Européens et des membres des Premières Nations. Résultera de celle-ci une importante baisse de la population autochtone, due à un grave choc microbien et viral. De toute évidence, ce rapide effondrement démographique facilitera le processus de colonisation.
  2. Jusqu’à ce moment, il n’avait qu’été question des grandes explorations qui aboutissaient en Amérique centrale, près des Antilles. L’arrivée de Jacques Cartier au Canada, au cours de cette année, initiera les premiers balbutiements des échanges entre les Autochtones d’Amérique du Nord et les colons européens. La fondation de Québec en 1608, par Champlain, précédera une véritable accélération de ces relations, qui ne seront pas toujours harmonieuses, alors qu’elles étaient essentiellement dictées par les intérêts commerciaux et militaires, et qui engendreront une intéressante mixité sociale, des guerres et des difficultés. En effet, ces heurts étaient le résultat d’une grande incompréhension des Autochtones quant à la domination du colonisateur européen. Ce dernier semblait vouloir « s’emparer » d’un territoire ancestral qui leur permettait de survivre, manger, etc.

Ahhh, fameuse colonisation… Jusqu’aux années 1800, on observera donc essentiellement une coexistence, qui était pour la plupart du temps, paisible, bien que parfois interrompue par des affrontements et des désaccords, entre les Autochtones et les Européens. Les premiers voyaient ces contacts comme une opportunité alléchante de faire le plein de nouveaux outils et matériaux provenant du vieux continent. À l’heure où l’Europe voyait son système économique prospérer et croître, elle aura saisi cette opportunité pour prendre possession des Amériques, de l’Afrique et d’une grande partie de l’Asie, dans le but de s’approprier des ressources comme l’or, les produits de la pêche, l’argent et les fourrures. Comme nous nous intéressons à l’évolution de la situation en sol canadien, j’ose espérer que la référence au commerce de la fourrure ait éveillé un petit souvenir bien lointain de l’exposé d’un de vos anciens enseignants en histoire… Alors que le colonialisme est défini par un « système qui préconise l’établissement et le développement de pays dépendants considérés comme sources de richesse et de puissance pour la nation colonisatrice » (Petit Larousse), il va de soi qu’il s’agit de la stratégie employée par l’Europe, au détriment de centaines d’années d’histoire et de culture appartenant aux membres des Premières Nations, pour arriver à ses fins. Il n’est en effet plus du tout question de tolérance et de respect.

En effet, le Canada considèrera éventuellement les Autochtones comme de véritables obstacles à la colonisation. Ceux-ci seront en quelque sorte contraints de conclure différentes ententes avec la Couronne canadienne. Comme la situation aurait été bien plus simple si cette dernière avait fait foi de bienveillance et générosité… Cette réalité où l’homme étant l’homme, associé à une situation sociale extrêmement difficile, qui permettait d’exploiter facilement les Autochtones, offrira aux colons une opportunité en or d’adopter plusieurs lois ou accords, telle que la Loi sur les Indiens, en 1876, qui n’augurait, pour la suite du monde, rien de bon pour ces peuples et leur place dans l’histoire du pays. Il s’agira d’une loi plus qu’invasive qui offrira le contrôle absolu du gouvernement canadien sur la très grande majorité des aspects de la vie quotidienne des Premières Nations.

L’adoption de cette politique, aussi connue sous le nom de l’Acte des Sauvages, sera la goutte qui fera déborder le vase, son impact se faisant encore ressentir fortement aujourd’hui. À partir de ce moment, les membres des Premières Nations seront tout simplement considérés comme des mineurs, le tout dans l’objectif de « favoriser l’intégration des Autochtones à la société canadienne », un bien grand euphémisme. Aux yeux du gouvernement canadien, les Autochtones devaient laisser de côté leur culture, afin de devenir des anglophones protestants ou des francophones catholiques, en fonction de leur lieu de résidence. Dès lors, il sera question de les envoyer dans des pensionnats, institutions au sein desquelles on tentait de scolariser, évangéliser et assimiler les enfants autochtones, à partir de 1892. Jusqu’à l’abolition officielle de ces lois en 1969, sous Jean Chrétien, les pensionnats auront fait de ces enfants de véritables « martyrs », laissant la communauté marquée à tout jamais par un véritable choc post-traumatique résultant d’une solitude flagrante, de sévices physiques, sexuels ou psychologiques, de même qu’une discipline rigoureuse. Ces enfants, séparés de leurs parents, au début de leur « scolarisation », se retrouvaient seuls, confrontés à un profond déracinement quant à leur communauté et leur culture.

Juliette Breault

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