Des citoyennes et citoyens, membres des différents Comités vigilance hydrocarbures de Lanaudière, demandent à leurs député.es provinciaux des éclaircissements quant à la reprise éventuelle de l’exploration gazière et pétrolière dans la vallée du St-Laurent.
Ils expriment leur inquiétude suite à l’embauche, en décembre 2019, par le gouvernement caquiste, de M. Alain Sans Cartier, jusque-là administrateur chez Questerre, à titre de secrétaire général associé au Conseil exécutif du gouvernement du Québec.
Rappelons que Questerre Energy Corp. (Questerre), entreprise albertaine, détient la majorité des licences d’exploration pétrolière et gazière de la vallée du St-Laurent entre St-Hyacinthe et Lévis. Elle cible le sous-sol de la vallée du Saint-Laurent, riche en schiste. Mais cette région est densément peuplée et la plus favorable à l’agriculture de la province. Son PDG, Michael Binnion qui est connu pour son climato-scepticisme, a déjà dit qu’il aimerait creuser 10 000 puits entre Montréal et Québec.
En juin 2018, en réaction à la pression des élus municipaux et des citoyens, le gouvernement Couillard a adopté, en vertu de la Loi sur les hydrocarbures, des règlements interdisant la fracturation dans le schiste de la vallée du Saint-Laurent ainsi que, sauf autorisation du ministre, dans les lacs et les rivières. Quatre mois plus tard, en octobre, Questerre lançait une poursuite contre le gouvernement du Québec demandant l’annulation des règlements qui l’empêchaient de poursuivre ses projets de fracturation hydraulique dans la vallée du Saint-Laurent
En avril 2019 Questerre a annoncé une suspension de son recours judiciaire et depuis, des discussions entre l’entreprise et le gouvernement du Québec se poursuivent à huis clos. Puis, en décembre 2019, le gouvernement caquiste embauche Alain Sans Cartier, jusque-là administrateur chez Questerre, à titre de secrétaire général associé au Conseil exécutif du gouvernement du Québec.
Ces événements récents nous portent à penser que le gouvernement du Québec manque de transparence lorsqu’il est question de l’extraction du gaz de schiste. Le premier ministre Legault a affirmé qu’il n’y aura pas d’exploitation du gaz de schiste tant que l’acceptabilité sociale ne sera pas au rendez-vous, mais son gouvernement ne ferme pas la porte définitivement à cette activité.
Pourquoi Alain Sans Cartier a-t-il été embauché et quel est son véritable rôle au sein du Conseil exécutif du gouvernement du Québec ? Compte tenu de la nécessité de lutter contre les changements climatiques, quelle est la position du gouvernement du Québec sur le développement des hydrocarbures au Québec ? Nous aimerions avoir des réponses claires à ces questions.
Nous nous demandons si Questerre et le gouvernement du Québec collaborent pour exploiter des contradictions entre la règlementation qui relève du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) et celle relevant du ministère de l’Énergie et des ressources naturelles (MERN). Cela concerne par exemple les distances séparatrices entre les puits et les sources d’eau, qui sont plus grandes dans la réglementation relevant du MERN. Il y a aussi que la réglementation relevant de ce dernier contient des interdictions de recourir à la fracturation hydraulique, interdictions qu’on ne retrouvent pas dans la réglementation du MELCC. Avec pour résultat que la vallée du Saint-Laurent ainsi que les lacs et rivières sont mieux protégés par la règlementation relevant du MERN. Quels règlements prendront le dessus quant au développement du gaz de schiste ? Malgré plusieurs appels des municipalités et des citoyens pour harmoniser ces règlements, le gouvernement n’a rien fait en ce sens.
Est-ce que Questerre, avec la collaboration du gouvernement Legault, est en train de préparer le terrain pour ce qui s’ensuivra dans l’éventualité où Questerre obtiendrait des tribunaux l’annulation de la règlementation relevant du MERN ? Se pourrait-il que le territoire du Québec ne soit protégé que par une réglementation affaiblie ? Le champ se libérera-t-il devant Questerre qui veut depuis longtemps nous faire croire au gaz propre.