Démolition du monastère de Moniales à Berthierville : le gouvernement du Québec ordonne l’arrêt des travaux

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La ministre de la Culture, Nathalie Roy, a annoncé, jeudi matin (4 avril) que le gouvernement du Québec ordonnait la suspension de la démolition du monastère de Moniales à Berthierville.

«J’ai signé une ordonnance disant au propriétaire des lieux: “Vous ne touchez à rien. Vous ne démolissez pas ce magnifique bâtiment”», a déclaré Mme Roy, lors d’un point de presse à l’Assemblée Nationale du Québec. 

Cette ordonnance s’est faite en vertu de l’article 76 de la Loi sur le patrimoine culturel qui stipule que la ministre a le pouvoir d’agir ainsi s’il «existe une menace, réelle ou appréhendée, que soit dégradé de manière non négligeable un bien susceptible de présenter une valeur patrimoniale». 

Des spécialistes du Ministère de la Culture se pencheront, au cours des 30 prochains jours, afin d’évaluer la valeur patrimoniale du bâtiment.

 «J’ai demandé aux spécialistes du ministère de la Culture ce qu’on peut faire pour éviter qu’une bâtisse d’une telle beauté, d’une telle architecture, avant autant d’histoire, qui fait partie du patrimoine bâti québécois se retrouve sous le pic des démolisseurs», a expliqué la ministre Roy en point de presse.

Parmi les options envisagées, il n’est pas exclu que le gouvernement du Québec octroie une aide financière afin d’entretenir ou de valoriser la bâtisse qui a été construite en 1934.

La congrégation religieuse les Dominicaines a vendu le bâtiment le 29 mars dernier à la Société Construction Germain St-Martin. Or, seulement trois jours après cette transaction, la Ville de Berthierville a émis un permis de démolition au nouvel acheteur. Celui-ci a affirmé à La Presse « qu’il comptait agir «dans les prochaines semaines».

De son côté, la députée de Berthier et ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a rappelé que la MRC d’Autray avait accordé une valeur patrimoniale « exceptionnelle » à la bâtisse. Elle a aussi dénoncé l’empressement de Berthierville à agir dans ce dossier.

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La Ville de Berthierville se défend

Par ailleurs, la Ville de Berthierville a réagi, par voie de communiqué, en avant-midi, le 4 avril. « Il est évident que nous sommes sensibles à la situation; il s’agit d’une page d’histoire berthelaise qui pourrait se tourner. Cependant nous avons été avisés de la vente une fois que l’acte était notarié », a déclaré Suzanne Nantel, mairesse de Berthieville.

Elle précise  que la Ville aurait pu utiliser la Loi sur le patrimoine culturel pour protéger le bâtiment et assurer sa préservation et sa mise en valeur. «  En agissant de la sorte, nous aurion imposé une charge financière au-delà des moyens des Moniales. En fait, ni les Moniales, ni la Ville n’avaient les ressources financières pour rénover ou restaurer un bâtiment d’une telle envergure », a-t-elle souligné.

Selon la Ville, l’aménagement intérieur du bâtiment rend sa conversion très onéreuse ce qui pourrait expliquer le manque d’intérêt d’éventuels investisseurs. De plus, faire l’acquisition du bâtiment, vacant depuis 7 ans, n’était pas envisageable car « ce geste aurait mené à une augmentation importante de la charge fiscale des Berthelais », a souligné Suzanne Nantel.

La mairesse conclut que la Ville a à cœur la préservation de son patrimoine puisqu’elle a réalisé plusieurs actions en faveur de son patrimoine bâti par le passé et elle continue de le faire, notamment par l’adoption d’un règlement sur les plans d’intégration et d’implantation architecturale (PIIA) en 2011, par des investissements dans la Place du marché et sa démarche de revitalisation du secteur commercial du Vieux-Berthier.

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