La famille de Joyce Echaquan, décédée dans des circonstances nébuleuses le 28 septembre dernier, réclame justice et entamera des poursuites judiciaires dans les prochaines semaines.
En conférence de presse cet après-midi (2 octobre) au Centre d’amitié autochtone à Joliette, la famille a annoncé qu’elle va déposer une poursuite civile en dommages et intérêts contre le Centre Hospitalier de Lanaudière (CHDL) et toutes les préposées. Pour le moment, il est trop tôt pour savoir les montants qui pourraient être réclamés car l’avocat de la famille, Me Jean-François Bertrand, veut aller chercher toutes les informations pertinentes.
« Je suis ici pour réclamer justice pour ma femme et ses sept enfants qui ne reverront plus jamais leur mère, car c’est eux les plus grands perdants», a déclaré, en pleurs, le conjoint de la défunte, Carol Dubé.
L’avocat de la famille, Me Jean-François Bertrand a aussi indiqué qu’une plainte criminelle serait déposée à la Sûreté du Québec, en plus de réclamer une enquête publique sur le traitement des patients d’origine Atikamekw.
« Combien de vies humaines faudra-t-il encore pour reconnaître qu’il y a du racisme systémique envers nous, la nation autochtone? Je suis convaincu que ma conjointe est décédée parce que le racisme systémique a contaminé le Centre Hospitalier de Lanaudière », a-t-il ajouté.
« L’objectif est bien sûr d’avoir justice pour Joyce mais aussi pour s’assurer ce qui est arrivé ici n’arrive plus jamais » a lancé M. Dubé.
« C’est exactement pour ça que j’ai choisir d’exercer la profession d’avocat, c’est pour réparer des injustices. Quand ça concerne les peuples autochtones, ça fait trop longtemps qu’on est témoin d’atrocités qui, souvent, plus qu’autrement, passent sous silence et ne sont pas punis parce qu’il n‘y a pas de vidéo », a pour sa part mentionné Me Bertrand.
« Nous allons utiliser tous les recours que la loi nous met à notre disposition pour s’assurer que toute la lumière soit faite sur ce tragique événement », a souligné l’avocat.
Me Bertrand a ajouté que le gouvernement du Québec doit arrêter de faire des grandes paroles, des beaux discours et des belles promesses. « Qu’il passe à l’action. On veut que le premier ministre Legault et les membres de son équipe nous disent dans les meilleurs délais quelles actions il entend prendre pour le bien être des membres des premières nations », a-t-il poursuivi.
Parmi les autres recours qui seront faits dans les prochaines semaines, il y aura dépôt d’une plainte à la Commission des droits de la personne pour le traitement raciste et discriminatoire que Mme Echaquan a été victime dans les dernières heures de sa vie, ainsi qu’à l’Ordre des Infirmiers et Infirmières du Québec contre l’infirmière qui a été congédiée au lendemain du drame (afin que celle-ci soit radiée à vie de sa profession). La famille entend enfin faire une réclamation à l’IVAC.
De plus, la famille de Mme Echaquan va intervenir comme partie intéressée à l’enquête du coroner afin d’aller chercher toutes les informations et mettre en lumière devant le coroner toutes les informations pertinentes.
« Nous allons demander à ce qu’il y ait une enquête publique par rapport au traitement qui est réservé aux membres des communautés Atikamekw au CHDL. C’est quoi le problème à l’hôpital de Joliette? », a lancé Me Jean-François Bertrand.
« Il y a beaucoup de choses choquantes et injustifiables dans ce drame. Il y a bien sûr les paroles prononcées et la mort inexplicable de Joyce mais ce qui me choque encore plus, c’est qu’on aurait pu éviter cela », a pour sa indiqué Paul-Émile Ottawa, chef Conseil des Atikamekw de Manawan.
Rappel des faits
Rappelons que Joyce Echaquand est décédée dans des circonstances troublantes, le 28 septembre dernier, au CHDL. Elle avait été admise à ce centre hospitalier quelques jours auparavant souffrant de douleurs à l’estomac
Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, on voit Mme Echaquan demander de l’aide en langage attikamek en plus d’affirmer avoir reçu trop de médicaments.
On voit aussi dans cette vidéo que deux membres du personnel de l’hôpital auraient tenu des propos discriminatoires, évoquant une rare violence.
«Esti d’épaisse de tabarnouche… C’est mieux mort ça. As-tu fini de niaiser… câlisse? T’es épaisse en câlisse», murmuraient deux membres du personnel de l’hôpital de Joliette.
«T’as fait des mauvais choix ma belle. Qu’est-ce qui penseraient tes enfants de te voir comme ça? Pense à eux autres un peu… C’est meilleur pour fourrer qu’autre chose, pis on paie pour ça. Qui tu penses qui paie pour ça?»
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