Commémoration du 28 avril : Malgré 173 morts, le gouvernement s’entête à faire reculer le Québec

photo gracieuseté

En cette Journée internationale de commémoration des travailleuses et des travailleurs morts ou blessés au travail, le Québec pleure les 173 personnes qui ont perdu la vie en 2020 en tentant de la gagner. La province se souvient aussi de tous ceux et celles qui se sont blessés en travaillant. En cette année de pandémie, la CSN et le Conseil central de Lanaudière – CSN expriment également leur solidarité avec les victimes de la COVID-19, virus souvent propagé au travail.

« Ayons une pensée pour les 40 000 personnes des secteurs de la santé et des services sociaux, et tout le personnel qui participe à l’éducation de nos enfants, bien souvent des femmes, qui ont contracté le virus. N’oublions pas, non plus, les milliers de travailleuses et de travailleurs du secteur privé qui ont souffert de la maladie. Pour l’ensemble de ces gens, observons une minute de silence à 10 heures, aujourd’hui, dans tous les milieux de travail de la région », demande Patricia Rivest, présidente du Conseil central de Lanaudière – CSN.

« D’ailleurs, nous serons avec les syndicats de la région, devant les bureaux de la CNESST à Joliette à 15 h pour une manifestation CAQophonique, rappelant aux décideurs l’importance d’avoir une réforme qui protège tout le monde », ajoute Patricia Rivest.

« C’est quand même ironique qu’au cœur de cette funeste tragédie sanitaire, le gouvernement Legault choisisse de déposer une réforme en santé-sécurité aussi désolante. Le PL-59 fait reculer les droits des travailleuses et des travailleurs en limitant l’indemnisation et en reculant sur des acquis en prévention », s’indigne David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN.

En effet, la réforme va compliquer et judiciariser la réadaptation des victimes en échange de trop maigres avancées en prévention. Pire encore, l’abolition des groupes prioritaires prévus par la loi actuelle privera les milieux de travail industriels des mécanismes éprouvés depuis les 40 dernières années.

« La prévention, c’est non négociable. Ce qu’il faut pour que le Québec cesse d’être le cancre en matière de santé-sécurité au Canada est plutôt d’étendre les mécanismes de prévention à l’ensemble des milieux de travail et leur donner les outils nécessaires à leur prise en charge. Les travailleuses et les travailleurs ne doivent pas devenir les victimes de la réforme qui semble plutôt vouloir économiser sur leur dos », déplore David Bergeron-Cyr.

Des conséquences pour longtemps

Il est minuit moins une pour bonifier le projet de loi 59, toujours à l’étude. À quand, par exemple, une vraie reconnaissance des problèmes d’épuisement au travail ? Quand va-t-on répandre les mécanismes de prévention efficaces, décentralisés avec des moyens encadrés pour les faire fonctionner ? Quand va-t-on admettre que lorsque le travail nous blesse, physiquement et psychologiquement, il faut le reconnaitre, sans tracasseries administratives ?

« Il aura fallu 40 ans pour accoucher d’une nécessaire réforme en santé-sécurité au travail. Nous sommes en train de rater un rendez-vous historique. Les conséquences du PL-59 risquent de nous affliger collectivement pour longtemps. Cette réforme ne doit pas être un affront à la mémoire de toutes les personnes disparues dont nous nous souvenons en ce 28 avril », conclut la présidente du Conseil central de Lanaudière – CSN.