Une artiste de Sainte-Béatrix s’est vue retirer le droit de présenter dorénavant ses œuvres dans une exposition annuelle au Parc Régional des Chutes-Monte-à-Peine-et-des-Dalles. L’artiste Juli Aubin a co-fondé cet événement intitulé à l’origine « Août dans le parc » avec d’autres artistes de la région lanaudoise il y a sept ans.
Fière du succès de cette exposition éphémère estivale, la municipalité a répété la formule d’année en année depuis. L’artiste y a participé encore cette année en y installant une oeuvre originale sur le pont à l’entrée du parc /porte de Sainte-Béatrix : « L’Abrimaginaire » (Contraction de Abri, magie et imaginaire). L’œuvre présente un tapis tissé main de feuilles métalliques qui frémissent au moindre vent et laisse passer les changements de lumière du jour.
La sculpture éphémère invite à s’attarder au-dessous pour entendre les bruissements de feuilles et admirer l’effet de kaléidoscope vibrant. L’installation est conçue pour répondre au thème imposé cette année, l’abri. On y ajoute une contrainte de taille: pouvoir supporter trois mois d’intempéries et assurer un espace sécuritaire en période de COVID pour les gens qui visitent le parc à la belle saison. Un défi relevé par l’artiste qui a photographié l’oeuvre pour le Musée en quarantaine de Joliette cet été.
Alors pourquoi le Comité de l’exposition et la Municipalité de Sainte-Béatrix auraient-ils accueilli l’installation de l’artiste tout l’été en lui signifiant un mois après la désinstallation qu’elle n’avait plus le droit d’y présenter ses œuvres dorénavant? Un accroc à des règlements est invoqué, sans autre précision.
Les artistes en arts visuels sont sollicités pour attirer le public et les touristes. On apprécie leur initiative, leur talent, on les incite à participer au développement de la culture. Ce qu’elles /ils font avec beaucoup de générosité et de savoir-faire. Cela malgré que seulement 2% d’entre elles/eux réussissent à vivre de leur travail.
En vertu de quelle autorité des organisateurs sans statut artistique reconnu s’arrogent-ils le droit d’interdire expressément l’exposition des œuvres d’une artiste de statut professionnel, sans autre forme de procès? Ceci tout en invitant tous les artistes qu’elle a rassemblés au fil des ans à y prendre part. Ça fait mal, c’est dur à encaisser et surtout, c’est infiniment injuste.
Devant un tel comportement, on se demande quelle protection existe pour les artistes devant l’arbitraire des municipalités organisatrices d’événements culturels et leurs personnels des « loisirs et culture » qui s’improvisent spécialistes en événements artistiques en ignorant les droits élémentaires des artistes. Pourrions-nous un jour compter sur un organisme qui assure une médiation entre les artistes et les organismes officiels afin d’éviter l’autoritarisme, l’arbitraire et permettre l’ouverture au dialogue plutôt que l’installation d’une autorité opprimante et aveugle face aux artistes?
Ont signé, principalement dans la région de Lanaudière :
André Labbé, artiste peintre
Annabelle Perrin, artiste (Montérégie)
Benoit Thivierge, artiste
Chantal Locat, artiste
Christian Rouleau, artiste photographe
Claire Aubin, artiste (co-fondatrice Août dans le parc)
Didi Gagnon, artiste sculptrice
Dominique Homo, artiste peintre
Donald Alarie, poète
Élisabeth Reichel, artiste peintre et installation
Éric Bourque, artiste
France Grenier,artiste sculptrice
Francine Labelle,artiste peintre
France Théoret, écrivaine, poète (Montréal)
Ginette Trépanier, artiste
Halina Reichel,artiste
Hélène Fortin,artiste
John A. Cosgrove , artiste, co-fondateur Août dans le parc (Terre-Neuve)
Louise Aubin, artiste (Montérégie)
Martine Buczkowski, céramiste
Michel Bisson, artiste
Michel Foisy, artiste
Monique Desrochers, artiste
Normand Primeau , céramiste (co-fondateur Août dans le parc)
Patrice Potvin, artiste verrier (Terre-Neuve) (co-fondateur Août dans le parc)
Pierre Blais, céramiste
Richard Benoît, artiste
Suzanne Charbonneau, artiste peintre
Sylvie Arsenault, artiste
Yves Durand, artiste peintre