Réclamant depuis des mois la mise en place de solutions pour contrer les heures supplémentaires obligatoires (TSO) et la surcharge de travail généralisée, tous les syndicats du CISSS de Lanaudière, représentant l’ensemble du personnel, s’unissent pour faire pression sur l’administration. Par cette alliance inédite, les syndicats CSN, FIQ et APTS du CISSS sont déterminés à faire en sorte que ce dossier devienne une priorité absolue de l’établissement.
« Chaque soir, chaque nuit, même certains jours, il y a un établissement quelque part dans la région où le personnel est en nombre insuffisant. Par conséquent, on se retrouve en surcharge de travail. De plus en plus – beaucoup trop souvent – nos gestionnaires exigent de nous des heures supplémentaires obligatoires. On finit par courir sans même être pleinement satisfaits de la qualité des services qu’on offre à la population. On n’en peut plus! » explique Ginette Morin, vice-présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS de Lanaudière–CSN.
Parce ce que le CISSS ne s’attaque pas au problème, il est de plus en plus difficile de pourvoir les postes dans les unités de soins. Les personnes qui pourraient les occuper hésitent à postuler, puisque ces postes ne sont pas attractifs. « Les salarié-es ne souhaitent pas être déplacés à la grandeur de notre immense territoire, en plus d’être contraints à des heures supplémentaires imposées, sans compter la surcharge de travail insoutenable. Le CISSS doit offrir plus de stabilité », poursuit Ginette Morin, qui constate que le manque de personnel et la surcharge de travail touchent de plus en plus de services.
Tous les services touchés
Le problème frappe également les techniciennes et les techniciens ainsi que les professionnel- les. Dans les laboratoires aussi les heures supplémentaires obligatoires sont utilisées comme un outil de gestion des ressources humaines par la direction. De plus, le déploiement du projet Optilab ajoute une dose d’incertitude pour les technologistes médicaux. « Comment voulez- vous attirer et retenir le personnel compétent lorsqu’on ne peut pas garantir des horaires de travail réguliers? On ne remplace pas non plus les absences. Cela a pour conséquence d’augmenter la charge de travail des autres technologistes médicaux et de les obliger à rester à leur poste, et ce, malgré leurs obligations familiales. Ajoutons le peu de communication et de suivi de la part de l’employeur et nous avons tous les ingrédients pour que les technologistes médicaux s’épuisent, vivent de la détresse et se retrouvent en congé de maladie », explique Martin Lavigne, président de l’exécutif local de l’APTS pour le laboratoire de Lanaudière du CISSS de Laval.
La surcharge de travail, l’épuisement et la détresse frappent tout aussi durement le personnel des autres services professionnels du CISSS, tels les centres de réadaptation en déficience intellectuelle, trouble du spectre de l’autisme et en réadaptation physique (DI-TSA-DP), le soutien à domicile et les centres jeunesse de Lanaudière.
« Un sondage que nous avons mené auprès du personnel travaillant dans les centres d’activités DI-TSA-DP révèle que 40 % ne prennent pas d’autre pause que celle pour leur dîner au cours de la journée et 16 % mangent en travaillant. Et on sait que cela se fait aussi ailleurs, tant au soutien à domicile que dans les centres jeunesse de Lanaudière. Dans ces derniers, les jours d’absence en assurance salaire et pour maladie professionnelle de l’année 2017-2018 correspondent au travail de 40 personnes à temps plein et le taux de roulement du personnel atteint 23 %. C’est simple, peu importe le centre d’activités, on travaille à se rendre malade. Ça doit se terminer », a conclu Kevin Newbury, président de l’exécutif local de l’APTS de Lanaudière.
La ministre McCann interpelée
« Du 23 mai au 26 août 2019, nous avons recensé 789 quarts de travail en TSO par des professionnelles en soins, et ce, uniquement pour le secteur nord de Lanaudière, enchaîne Stéphane Cormier, coprésident de la FIQ – SI de Lanaudière. Ce chiffre nous démontre noir sur blanc qu’il ne s’agit plus de mesure d’exception, mais bien d’un réel mode de gestion.
Nous faisons appel à la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann. A-t-elle un portrait de la situation dans Lanaudière? Voit-elle à quel point nous sommes tous surchargés? Est-elle consciente de la crise qui nous guette? Le gouvernement a posé des gestes récemment qui nous permettent de penser que ça va s’améliorer dans quelques années, mais présentement, nous sommes face à l’urgence d’agir. Nous nous attendons à ce qu’elle agisse pour rehausser les postes à temps complet dans les unités de soins, pour veiller à la mise en place de ratios sécuritaires professionnel-les en soins/patients et pour s’attaquer à la surcharge de travail. Le personnel n’en peut plus! Entendez-vous Madame McCann? », de conclure Stéphane Cormier.