L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) prend note du bilan 2023 de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), déposé le 13 juin matin et intitulé « En équilibre vers l’avenir ». Au-delà de l’information transmise, l’APTS Lanaudière tenait à commenter l’état du réseau des centres jeunesse.
« Nous savons à quel point, tant du côté des directions de la DPJ à travers le Québec que de celui des personnes qui travaillent sur le terrain – qui se donnent corps et âme pour nos enfants – les efforts se font sans relâche. Le personnel tient encore une fois le réseau à bout de bras cette année! Avec la pénurie de main-d’œuvre qui s’aggrave de jour en jour et le peu de mesures concrètes pour l’attraction et la rétention du personnel, nous constatons que nous sommes loin d’atteindre l’équilibre et que l’avenir est pour le moins inquiétant », a lancé Steve Garceau, Représentant national de l’APTS pour la région de Lanaudière
Plus de deux ans après le dépôt du rapport de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse (CSDEPJ), l’APTS précise que, malgré la bonne volonté derrière cette initiative, les effets ne se font pas sentir sur le terrain.
« Les enjeux criants auxquels nous sommes confronté·e·s exigent de l’attention et des actions immédiates. L’insuffisance des ressources dans les centres jeunesse, les lacunes dans la transition vers l’âge adulte et la limitation de l’accès aux services de réadaptation mettent en péril le bien-être des jeunes », précise monsieur Garceau
Selon l’APTS Lanaudière, il est crucial de prendre des mesures concrètes, telles que le recrutement de professionnel·le·s qualifié·e·s, l’augmentation des ressources financières ainsi que matérielles, et la collaboration entre les acteurs impliqués. La société dans son ensemble doit se mobiliser pour régler ces problèmes et assurer un soutien adéquat aux jeunes en réadaptation si l’on veut leur offrir un avenir prometteur.
« Partout à travers le Québec, des intervenant·e·s s’inquiètent quotidiennement du temps qu’il·elle·s peuvent réellement accorder aux jeunes Québécois·es avec tous les cas à gérer. Les centres jeunesse se portent-ils mieux qu’avant la CSDEPJ? La réponse est malheureusement non. Beaucoup de nos membres sont épuisé·e·s, tant mentalement que physiquement. La charge mentale liée aux dossiers qui s’ajoutent jour après jour vient s’ajouter à la peur de commettre, par manque de temps, une erreur qui aurait des conséquences dramatiques », a ajouté monsieur Garceau.
Le 5 mai dernier, le gouvernement caquiste a décidé de façon unilatérale de verser une prime uniquement au personnel du secteur de l’évaluation et de l’orientation en protection de la jeunesse, mettant ainsi de côté la majorité des acteur·rice·s du milieu. Comme cela est contraire aux principes mêmes de la négociation collective, l’APTS s’est récemment tournée vers les tribunaux afin de défendre le droit d’association et à une négociation juste, libre et équitable.
« J’aimerais dire que le gouvernement tente par tous les moyens d’épauler le secteur de la DPJ, mais le mieux qu’il a trouvé à faire dernièrement a été de déposer des offres discordantes, porteuses de bisbille. Nous ne sommes pas tombé·e·s dans le panneau, c’est décourageant de voir un tel manque de compréhension de la part du gouvernement face aux répercussions de cette décision. Il faut prendre la situation au sérieux, voir au-delà des négociations à venir et penser aux jeunes Québécois·es. Devant la diminution alarmante des effectifs dans toutes les régions du Québec, il est urgent de renforcer les équipes et d’augmenter les ressources. Des centaines de postes vacants et un manque de familles d’accueil créent des situations préoccupantes, avec des listes d’attente très longues et une protection insuffisante pour les enfants et les jeunes », a conclu Steve Garceau