En pleine crise inflationniste et alors que le spectre d’une récession pointe à l’horizon, le Bloc Québécois a fait part, le 1er novembre, de ses attentes budgétaires en prévision de l’énoncé économique que le gouvernement Trudeau présentera cette semaine.
« En période d’incertitude, il faut revenir au fondamental, plaide Gabriel Ste-Marie, député de Joliette et porte-parole du Bloc Québécois en matière de Finances. Le gouvernement doit cesser de se disperser dans de nouvelles ingérences pour préserver son alliance avec le NPD, et éviter l’austérité réclamée par le chef conservateur Pierre Poilievre dans les slogans qui lui tiennent lieu de politique économique. Nous prônons un recentrage du gouvernement fédéral : qu’il se concentre sur les responsabilités qui sont siennes et les assume adéquatement », affirme M. Ste-Marie.
Parmi les missions fondamentales de l’État que le Bloc demande de prioriser, on compte :
- une réforme de l’assurance emploi pour rendre le régime plus accessible;
- un financement accru, prévisible et inconditionnel du système de santé qui vit une crise;
- la préservation du pouvoir d’achat des aînés face à la montée du coût de la vie par une hausse des pensions dès 65 ans.
« L’assurance-emploi est le stabilisateur par excellence de l’économie. Or, le régime a été essentiellement démantelé et ne soutient pas les travailleurs qui perdent leur emploi. Sept ans après que le gouvernement ait promis une réforme, le temps presse. Il faut à tout prix éviter d’être forcé d’improviser une nouvelle PCU pour pallier aux insuffisances du régime si la récession frappe. Des programmes improvisés, on l’a vu en pandémie et encore cet automne, ça coûte plus cher et c’est moins efficace. Je presse le gouvernement de faire preuve de prévoyance et de réparer l’assurance-emploi au plus vite », avise Louise Chabot, porte-parole bloquiste en matière de Travail.
Le Bloc prône la même prévoyance pour les revenus des aînés afin d’éviter que le choc démographique de l’arrivée de la génération du baby-boom à la retraite n’entraîne un ressac économique lié à la baisse marquée de leur pouvoir d’achat.
« À l’heure actuelle, le taux de remplacement au Canada, soit la proportion de son revenu qu’un aîné préserve lorsqu’il prend sa retraite, est l’un des plus bas de l’OCDE. La hausse de la pension de la sécurité de la vieillesse devrait éviter que les changements démographiques n’entraînent un ralentissement marqué de l’activité économique. Contrairement à ce que dit le gouvernement, ce n’est pas en affamant les aînés de 65 à 75 ans qu’on va les inciter à rester en emploi. C’est en cessant de les pénaliser lorsqu’ils travaillent », signale M. Ste-Marie.
En contrepartie de ces réinvestissements, le Bloc Québécois prône une utilisation plus rationnelle des ressources fédérales et demande au gouvernement Trudeau de renoncer à certaines dépenses: d’une part, les ingérences qui sont autant de dédoublements coûteux et peu utiles; et d’autre part, les subventions aux pétrolières qui sont carrément nuisibles et retardent la transition énergétique.
« En matière budgétaire, évitons les dépenses clientélistes de l’alliance libérale-néodémocrate, tout comme l’austérité tous azimuts des conservateurs, au profit d’un financement adéquat des missions essentielles de l’État, sans gaspillage. En matière économique, délaissons au plus vite le 20e siècle pétrolier au profit d’un 21e siècle marqué par la productivité, l’efficacité énergétique et la résilience des chaînes d’approvisionnement qui nous rendra moins sensibles aux soubresauts de la conjoncture mondiale. En plus d’être sur mesure pour les forces économiques du Québec, cette orientation permettra de sortir plus vite et plus forts de l’instabilité actuelle », conclut le leader parlementaire du Bloc Québécois, Alain Therrien.