Austérité, CNESST et violences en santé et services sociaux : le personnel du CISSS de Lanaudière lance un cri du cœur

Courtoisie du CISSS de Lanaudière

Ce lundi, trois organisations importantes de travailleur·ses ont tenu une importante conférence de presse devant l’urgence de l’Hôpital Pierre-LeGardeur à Terrebonne pour y dénoncer les lacunes majeures en matière de santé et de sécurité du personnel et des usagers. Des travailleur·ses du Réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) sont venues livrer un témoignage puissant sur leur réalité au travail. Les trois organisations réunies lancent un cri du cœur au gouvernement.

Réagissant à plusieurs cas récents de violences dont ont été victimes des travailleur·ses (agressions, étranglements, etc.), l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) de Lanaudière, le Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CISSS de Lanaudière – CSN et le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) représentant le personnel de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) unissent leurs voix pour dénoncer la gestion déficiente et l’inaction en matière de santé et sécurité du CISSS de Lanaudière, mais aussi de la part du gouvernement. Résultats : certains milieux deviennent de plus en plus dangereux et la peur est omniprésente chez les salarié.es.

« Notre monde continue malgré tout de rentrer au travail, avec la peur au ventre d’être les prochains à passer aux nouvelles. L’employeur crée de nombreux comités en santé et sécurité au travail mais il n’a ni les ressources, ni le financement nécessaire pour se rendre proactif. Apprendre que le gouvernement s’apprête à couper dans des budgets qui devraient servir à protéger nos vies n’a donc rien de rassurant. Et on va se dire les vraies affaires : ce n’est que la pointe médiatisée de l’iceberg! », décrie Simon Deschênes, président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CISSS de Lanaudière – CSN.

« En plus d’avoir des lieux physiquement inadéquats, nous n’avons pas les outils pour que notre sécurité soit assurée : pas assez de ressources humaines sur les unités, manque de planification nous mettant à risque, peu ou pas de mesures concrètes par la gestion. Dans les deux dernières semaines, une intervenante a été sauvagement battue et le Protecteur du citoyen a déposé un rapport accablant en ce qui a trait aux ressources à assistance continue (RAC). Autant du côté de la clientèle que du côté des intervenants, la santé et la sécurité n’est pas assurée. On demande simplement que le gouvernement nous donne les moyens de faire notre travail sans nous faire cogner dessus », déplore Valérie Lepage, présidente de l’APTS Lanaudière.

La CNESST, le rempart à la santé et sécurité de nos travailleur·ses en cas de lacunes dans notre réseau, est elle-même victime de compressions massives. Alors que ses inspecteurs sont déjà surchargés, le gouvernement a annoncé cet été l’abolition de 250 postes. Gel d’embauche, épuisement généralisé du personnel, explosion des délais d’intervention et de durée du traitement des dossiers : la situation atteint un sommet critique. L’austérité mène au bord de la fracture la Commission, qui n’arrive plus à remplir son rôle. « Pour les fonctionnaires du filet social québécois, le paradoxe de notre travail, c’est que mieux on le fait, moins la population en ressent les effets. Ça explique le peu de sympathie dont la fonction publique fait souvent les frais. Or, en attaquant notre personnel, c’est l’ensemble des travailleurs et des travailleuses du Québec que la CAQ choisit de mettre en danger! », souligne Nicolas Leduc-Lafantaisie, président régional Laurentides – Lanaudière – Outaouais au SFPQ.

Il est impératif d’ajouter les ressources nécessaires pour contrer la hausse de la violence en milieu de travail. L’austérité n’a pas sa place en matière de santé et sécurité au travail. Nous conjurons le gouvernement de remettre les services publics au centre de ses priorités budgétaires : ce n’est vraiment pas le moment d’abandonner ceux et celles qui prennent soin de la population québécoise!