Des locataires se mobilisent le 10 décembre prochain pour dénoncer l’inaction des différents paliers de gouvernement face à l’état inacceptable de beaucoup de logements privés et sociaux dans la région de Lanaudière. Dans le cadre de la journée internationale des droits de la Personne une manifestation aura lieu à 16h30 devant l’hôtel de ville de Joliette, suivi d’une tournée en autobus afin de visiter d’autres municipalités.
L’Escouade logements sains est un comité d’Action-Logement Lanaudière qui a été mis en place par des locataires affectés par l’état de leurs logements et qui se sont regroupés à la suite du constat que trop de logements privés et sociaux sont insalubres dans Lanaudière.
« Vivre dans un logement en mauvais état peut nuire gravement à la santé des résidant.es. » Mentionne Noémi Turbide, intervenante à Action-Logement Lanaudière. « Les locataires peuvent souffrir de troubles physiques importants. Il y plus d’une centaine de problèmes physiques répertoriés par l’institut de la Santé publique du Québec en lien avec le logement. À cela s’ajoute également une grande détresse psychologique. Sommes-nous d’accords pour que des propriétaires locateurs s’enrichissent au détriment d’une partie de la population? Les élus sont aussi imputables de la détérioration du parc locatif et conséquemment l’inaction des élu.es amène les locataires à perdre confiance.»
« En pleine crise du logement, quand on se rend compte que notre logement est dangereux, que notre propriétaire ne fait pas les réparations requises, que les moyens légaux sont très peu accessibles et que notre municipalité ferme les yeux alors qu’ils auraient les moyens légaux de nous aider ; on se sent extrêmement seul. Et surtout nous nous sentons prisonniers, car des logements qui entrent dans notre budget; il n’y en a pas sur le marché. Alors on doit choisir entre notre logement dangereux ou la rue ! C’est inacceptable ! » mentionne Véronic Pageau, membre de l’Escouade qui a vécu plusieurs années dans une maison louée à Saint-Zénon qui était infesté de moisissures.
Au Québec, les municipalités et les MRC ont le pouvoir d’assurer la santé du parc locatif selon l’article 57 de la Loi sur les compétences municipales. Les municipalités auraient même le pouvoir d’inspecter l’intérieur d’un logement, de produire un rapport d’inspection et de le remettre aux propriétaires ainsi qu’aux locataires. De plus, elles ont le pouvoir de donner des amendes aux propriétaires fautifs, de réaliser elles-mêmes les travaux aux frais des propriétaires et d’inscrire au registre foncier un avis de détérioration. Enfin elles ont le droit d’exproprier, de faire l’acquisition des immeubles en cas de détérioration extrême, de déclarer une habitation impropre à l’habitation et finalement la condamner.
Cependant, les municipalités n’y sont pas obligées par la loi. Dans Lanaudière, selon le recensement du comité salubrité d’Action-Logement Lanaudière en partenariat avec l’Institut national de santé publique du Québec en 2020 : Seulement 16 municipalités sur 57 qui ont un règlement sur soit la salubrité et l’entretien des bâtiments ou sur les nuisances ou la propreté. Seulement 6 municipalités sur 57 font des inspections intérieures de logements. L’Institut national de santé publique du Québec offre pourtant une panoplie d’outils à la disposition des municipalités, comme le Guide intervention qualité air salubrité.
« Il est urgent que les élu.es fassent leurs jobs ! Les changements climatiques accentueront grandement la détérioration des logements dans les prochaines années. De plus en plus de personnes y compris des familles avec enfants se retrouvent forcées d’habiter dans un milieu de vie dangereux pour leur santé et leur sécurité. Nous pensons que tout le monde devrait avoir droit à des logements sains exempts de vermines, de moisissures, de manque de chauffage, d’infiltration d’eau, d’humidité excessive, de manque d’eau potable, de manque d’installation sanitaire, de risque d’effondrement, de risque d’incendie…etc. Selon moi, c’est un crime contre l’humanité de ne pas agir devant des situations aussi graves. » Mentionne Jessica Lambert M. locataire et membre de l’Escouade.
L’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme mentionne que toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, ce qui inclut le logement. C’est dans le cadre de la journée internationale des droits de la Personne que L’Escouade logements sains a choisi de se mettre en action.
L’Escouade dénonce la situation et exige :
· QUE tous les paliers de gouvernement déclarent comme fondamental le droit d’habiter un logement sain et prennent au sérieux cet enjeu qui est urgent.
· QU’UNE loi soit adoptée obligeant les municipalités à respecter un règlement uniforme pour le Québec sur l’entretien de tous types de bâtiments en incluant dans la définition d’insalubrité la moisissure profonde, le manque de chauffage, d’appareils sanitaires, d’eau potable et l’infestation de vermines, sans délai.
· QUE de l’argent soit octroyé aux municipalités pour qu’elles puissent embaucher du personnel nécessaire, afin d’assurer l’application du règlement obligatoire et ainsi leur permettre d’enrayer le fléau des logements en mauvais état.
· QUE les élus prennent leurs obligations de responsabilités reconnues comme telles par la loi et exercent les pouvoirs qu’ils ont déjà.
Une pétition a également été lancée en ligne par le comité et est à la recherche d’un.e député.e pour porter une pétition à l’Assemblée nationale du Québec.
Rejoignez l’Escouade le 10 décembre à 16h30 devant l’hôtel de ville de Joliette et communiquez avec Noémi Turbide, intervenante à Action-Logement Lanaudière pour en savoir plus sur les autres actions prévues lors de cette journée. 450-394-1778 poste 3 – intervenantall@gmail.com