Partout au Québec, des actions étaient prévues pour marquer la Journée mondiale d’action pour la justice climatique du 19 mars, en réponse à l’appel global lancé par le mouvement Fridays for Future.
Une foule de groupes, dont la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES) et le Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ), ont joint leurs forces afin d’exiger un plan de sortie de la crise sanitaire qui soit juste et viable.
Les mobilisations locales soutiendront que les ravages sociaux et économiques causés par la pandémie doivent être réparés en investissant massivement dans les services publics et les programmes sociaux et en nous protégeant dès maintenant contre la crise climatique qui pointe à l’horizon, faisant – selon l’écrasante majorité des scientifiques – peser sur l’humanité une menace existentielle, incluant celle de la multiplication des pandémies. Comme on peut le voir avec la pandémie de COVID-19, ces contextes de crise ne feront que creuser davantage les inégalités en affectant plus durement les personnes les plus vulnérables et marginalisées.
Dans le contexte du dépôt du rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), le rejet du mégaprojet GNL-Gazoduq s’impose comme une revendication majeure des manifestations au Québec. Avec des émissions de GES prévues équivalentes à celles de 10 millions de voitures annuellement, la mise à risque de plusieurs espèces menacées, dont le béluga du Saint-Laurent, et la construction du gazoduc sur les territoires non-cédés des nations atikamekw et innue, GNL-Gazoduq ne correspond pas aux attentes environnementales et sociales des QuébécoisEs. Plus de 120 000 personnes ont signé la pétition pour qu’il soit rejeté, 48 associations étudiantes représentant plus de 300 000 étudiantEs ont pris position contre et une majorité de QuébécoisEs se sont prononcéEs en sa défaveur dans le cadre d’un sondage mené par Léger.
La demande d’une transition juste et verte par des mesures concrètes, comme l’abandon de tout projet extractiviste et le rejet de l’austérité, se veut au cœur de la présente mobilisation. La science est évidente et rappelle constamment l’urgence d’une action climatique forte, maintenant ou jamais.
Dans la région de Lanaudière, le MÉPAL a lancé une tournée des député.e.s afin de revendiquer l’urgence d’agir pour la justice climatique et sociale auprès des élu.e.s. La mine à ciel ouvert de Nouveau Monde Graphite prévue à St-Michel-des-Saints qui vient d’être autorisée par décret par le gouvernement de la CAQ ou encore les coupes forestières massives qui sont dénoncées depuis plus d’un an par des habitants de la région sont des exemples des enjeux climatiques et sociaux qui ont été soulevés lors de cette journée de mobilisation. Une dizaine d’organismes membres du MÉPAL ont envoyé leurs revendications aux député.e.s de la région. Une quinzaine de personnes se sont également réunies devant le bureau de Gabriel Ste-Marie, député de Joliette du Bloc Québécois afin de manifester publiquement.
« Présentement nous vivons au cœur d’une pandémie mondiale dont nous avons vécus plusieurs vagues, mais les vagues des changements climatiques qui nous attendent seront encore plus immenses et détruiront notre biodiversité de façon irréversible. », affirme Mathilde Robitaille-Lefebvre, Co-porte-parole de la CEVES-UdeS.
« La crise de la COVID-19 a mis en lumière les terribles inégalités qui traversent nos sociétés et les grandes failles dans notre modèle économique, qui détruit la Terre et le tissu social. À la veille du budget gouvernemental, ce n’est plus possible de regarder ailleurs ou de lancer de belles promesses vides, il est temps d’agir! Il est incontournable de retisser notre filet social et de garantir un avenir où le bien-être des communautés et des écosystèmes est au cœur des décisions politiques. », martèle Valérie Lépine du Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ).
« Il y a deux ans, le 15 mars 2019, c’était la première grosse manifestation à Québec avec 5000 étudiants. L’Université Laval était majoritairement en grève. Deux ans plus tard, on ne voit toujours pas de réponse assez grande de la part du gouvernement. On veut qu’il prépare une relance juste et verte, en cessant d’encourager les projets écocidaires comme Laurentia, GNL-Québec et le 3e lien et en soutenant plutôt un littoral Est écologique et social ainsi qu’un projet de transport en commun accessible à tous.tes. », rappelle Chloé Proulx, co-porte parole de la CEVES à Québec au niveau collégial.
«On sait que la COVID-19 a exacerbé les inégalités sociales et les violences racistes. On sait aussi que des catastrophes mondiales telle la pandémie que nous vivons actuellement seront de plus en plus nombreuses à mesure que la crise climatique s’accélérera. Devant ces réalités troublantes, il est primordial de faire de notre lutte pour le climat une lutte antiraciste, décoloniale et de justice migratoire. Un monde carboneutre ne vaut rien s’il repose sur l’oppression.», défend Florence Lachapelle, militante de la CEVES à Montréal.