Une enquête a été ouverte par le ministère des Affaires autochtones concernant le décès d’une autochtone au Centre Hospitalier de Lanaudière (CHDL), le 28 septembre.
«Nous voulons savoir ce qui s’est produit. Une enquête est actuellement en cours, afin de faire la lumière sur ce drame. Quels que soit les résultats de cette enquête, les propos entendus sont inacceptables et intolérables», a déclaré la ministre Sylvie D’Amours sur Twitter, mardi, tout en offrant ses condoléances à la famille de la défunte.
Joyce Echaquan, 37 ans, est décédée dans des circonstances nébuleuses après avoir été admise au CHDL, se plaignant de douleurs à l’estomac, quelques jours plus tôt, le 24 septembre.
Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, on voit Mme Echaquan demander de l’aide en langage en attikamek en plus d’affirmer avoir reçu trop de médicaments.
On voit aussi dans cette vidéo que deux membres du personnel de l’hôpital auraient tenu des propos discriminatoires, évoquant une rare violence.
«Esti d’épaisse de tabarnouche… C’est mieux mort ça. As-tu fini de niaiser… câlisse? T’es épaisse en câlisse», murmuraient deux membres du personnel de l’hôpital de Joliette.
«T’as fait des mauvais choix ma belle. Qu’est-ce qui penseraient tes enfants de te voir comme ça? Pense à eux autres un peu… C’est meilleur pour fourrer qu’autre chose, pis on paie pour ça. Qui tu penses qui paie pour ça?»
En plus du ministère des Affaires autochtones, le Centre Intégré de santé et de services de Lanaudière a ouvert une enquête interne aussi sur ce décès. « La Direction du CISSS trouve inacceptables les propos qui ont été entendus sur la vidéo qui a circulé sur les médias sociaux et mentionne qu’elle ne tolère aucun propos de ce type de la part des membres de son personnel au sein de l’organisation. L’enquête suit son processus et à ce moment-ci », a indiqué le CISSS dans un communiqué, en fin de journée, le 29 septembre.
Lors de son point de presse quotidien, le 29 septembre, le premier ministre du Québec, François Legault, a annoncé que l’infirmière qui a tenu les propos racistes avait été congédiée au cours des derniers heures.
«Je tiens à offrir mes condoléances à la famille. C’est totalement inacceptable. Ce qu’elle a dit, c’est raciste», a déclaré M. Legault
Une enquête du coroner a aussi été ouverte pour faire la lumière sur ce décès.
Vives réactions
Les députés provinciaux et fédéraux de Joliette, Véronique Hivon et Gabriel Ste-Marie ont vivement dénoncé ce décès nébuleux.
« Nous demandons aux autorités du CISSS de Lanaudière de faire enquête de toute urgence et au ministre de la Santé et des Services sociaux et à la ministre responsable des Affaires autochtones de se pencher sur cette situation extrêmement grave dès maintenant », a déclaré Mme Hivon, sur sa page Facebook, en fin de soirée, le 28 septembre.
« Évidemment, ça prend une enquête et de vraies réponses », a pour sa part affirmé M. Ste-Marie.
De son côté, le Conseil des Atikamekw de Manawan souligne que dès que les résultats de l’autopsie seront connus, des actions seront prises afin que les responsables subissent les conséquences de leur actes.
« Nous en avons assez de vivre du racisme auprès des services publics. Personne ne devrait être traité ainsi. Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour que ces gestes ne soient plus jamais commis », précisé par voie de communiqué, Paul-Émile Ottawa, chef du conseil des Atikamekw de Manawan.
Plusieurs atikamekw se sont rassemblés au cours de l’après-midi du 29 septembre devant le Centre d’Amitié Autochtone de Joliette afin d’apporter leur soutien à la famille de la défunte.
Plusieurs centaines de personnes à la vigile
Notons enfin que plusieurs centaines de personnes ont assisté en début de soirée devant le CHDL, le 29 septembre, à une vigile en l’honneur de Joyce Échaquan.
Plusieurs personnes ont pris la parole dont le député fédéral de Joliette, Gabriel Ste-Marie et Paul-Émile Ottawa, chef du conseil des Atikamekw de Manawan.
La députée provinciale de Berthier et ministre du Tourisme, Caroline Proulx, ainsi que la ministre des Affaires Autochtones, Sylvie D’Amours, ont participé à cette vigile.
Un important déploiement policier de la Sûreté du Québec avait été mis en place afin d’effectuer des points de contrôle pour les entrées et sorties du CHDL.
