Négociation 2020 du secteur public–Les demandes de la CSN : des services publics plus humains pour toutes les Québécoises et tous les Québécois

Le 30 octobre dernier, les fédérations du secteur public de la CSN qui représentent 150 000 personnes travaillant dans les réseaux de la santé et des services sociaux et de l’éducation ainsi que dans les organismes gouvernementaux ont déposé leurs demandes communes auprès du Conseil du trésor. Au cours de la dernière semaine, les fédérations de la CSN concernées ont quant à elles déposé aux diverses tables patronales leurs demandes sectorielles. Pour la région de Lanaudière, c’est plus de 6 500 travailleuses et travailleurs du secteur public qui négocieront leurs conditions de travail et leurs conditions salariales avec le gouvernement au cours des prochains mois.

La négociation 2020 s’inscrit dans une conjoncture unique de crise sans précédent dans les réseaux, après des années de compressions massives et d’une importante rareté de main-d’œuvre. La CSN considère que le gouvernement avec des surplus budgétaires historiques a pleinement les moyens de changer la donne en investissant substantiellement dans les services à la population.

« Les surplus doivent servir à améliorer la vie de l’ensemble des Québécoises et des Québécois, dont font partie les 500 000 travailleuses et travailleurs des services publics qui ont subi de plein fouet, et subissent encore, les conséquences désastreuses des mesures d’austérité des dernières années », affirme Patrica Rivest, présidente du Conseil central de Lanaudière-CSN.

Pour le personnel des réseaux, membre de la CSN, la crise qui sévit dans les services publics et la problématique d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre font en sorte qu’un important coup de barre s’impose. La pénurie est bien réelle et elle ne touche pas seulement deux ou trois titres d’emploi, comme le prétend M. Legault. Il y a manifestement des difficultés à recruter du personnel dans les écoles, les cégeps, les centres de santé et de services sociaux, les centres administratifs et les organismes gouvernementaux.

« Depuis un trop grand nombre d’années, le personnel de soutien scolaire a subi des coupes budgétaires récurrentes qui ont rendu le réseau des commissions scolaires beaucoup moins attractif », souligne Rémi Lépine, trésorier du Syndicat des employé-e-s d’entretien de la Commission scolaire des Samares (CSN).

« Cette situation crée davantage de pression sur le personnel, l’épuisement et la surcharge de travail qui en découlent entrainent d’autres absences qui affectent assurément la qualité des services aux élèves. Les directions ont beaucoup de difficulté à trouver des personnes remplaçantes en raison du manque d’attractivité et de la pénurie de main-d’œuvre », ajoute Sébastien Janvier, président du Syndicat du personnel de soutien du Cégep régional de Lanaudière – CSN.

À l’égard du salaire, le nécessaire coup de barre revendiqué par la CSN est de 3 $ l’heure dès la première année de la convention collective pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs des réseaux. Ce montant fixe représente une augmentation significative pour toutes et tous, tout en ayant un plus grand impact pour celles et ceux qui gagnent le moins dans le secteur public, soit parce qu’ils sont dans des emplois moins bien rémunérés ou soit parce qu’ils sont en début de carrière et donc au bas de leur échelle salariale. Pour la deuxième et la troisième année de la convention collective, la CSN revendique une augmentation de 1 $ l’heure ou de 3 %, selon ce qui est le plus avantageux pour chaque salarié-e. La revendication salariale de la CSN inclut aussi une clause de protection contre l’inflation. Ces mesures visent à cesser l’appauvrissement de celles et ceux qui travaillent pour la population québécoise.

« Le salaire est une mesure d’attraction importante, particulièrement dans un contexte où la rareté de la main-d’œuvre au Québec offre de nombreuses opportunités de carrière aux futurs travailleurs. Pour maintenir notre expertise dans le réseau de la santé et pour en assurer la relève, notre employeur se devra d’être compétitif. Mais il faudra également voir à l’amélioration des conditions de travail par l’application de mesures visant à contrer la surcharge de travail, un fléau qui affecte dramatiquement la santé physique et psychologique du personnel », affirme Simon Deschênes, secrétaire du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS de Lanaudière – CSN.

Pour la CSN, il est donc clair que l’attraction et la rétention du personnel des réseaux publics passent aussi par l’amélioration de plusieurs pratiques.

« À chaque début de session, plusieurs professeures et professeurs à statut précaire ne savent pas s’ils enseigneront. Ils travaillent souvent dans plusieurs Cégeps et doivent préparer leurs cours à la dernière minute, parfois même la veille de leurs premières journées de travail. Une redéfinition du mode de financement des Cégeps et une planification efficace de la tâche enseignante permettraient de mettre fin à ce genre de pratique qui place nos membres précaires dans des situations d’incertitudes importantes », souligne Guillaume Granger, président du Syndicat des enseignants et enseignantes du Cégep régional de Lanaudière à Joliette (FNEEQ-CSN).

Pour remédier à toutes les situations de crise de chacun de ses secteurs, la CSN a choisi d’inclure une revendication sur les conditions de travail dans son cahier de table centrale, et ce, même si ces enjeux se négocieront généralement aux tables sectorielles. « Nous tenons à indiquer au Conseil du trésor que des marges financières importantes doivent être dégagées pour améliorer les conditions de travail et de pratique, notamment pour permettre la création de postes », ajoute Patricia Rivest, présidente du Conseil central de Lanaudière-CSN.

Des revendications à portée sociale

Dans son cahier de demandes déposé le 30 octobre dernier, la CSN formule aussi des revendications sur d’autres matières négociées avec le Conseil du trésor. Certaines de ces revendications ont une portée au- delà du secteur public. Par exemple, parmi ses demandes concernant le régime de retraite (RREGOP), la CSN revendique que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) qui assume la gestion des fonds du RREGOP, procède rapidement au désinvestissement dans les énergies fossiles.

Un autre exemple d’une demande à portée sociale est celui sur les lanceurs d’alerte : la CSN revendique une clause garantissant aux travailleuses et aux travailleurs du secteur public la liberté de dénoncer une situation problématique qui surviendrait sur leur lieu de travail et qui nuirait au bien-être de la population. « La loi du silence n’est pas une option », comme l’affirmait récemment Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.

« Le projet de négociation de la CSN est solide. Il est à la hauteur des besoins du personnel des services publics et bénéficiera à l’ensemble de la population québécoise », conclut Patricia Rivest, présidente du Conseil central de Lanaudière-CSN.

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