Au terme de son procès, le directeur service des incendies de Chertsey, Serge Lamoureux, a été reconnu coupable d’incendie criminel d’une résidence située à côté de la sienne.
« Le tribunal, après avoir entendu le témoignage de l’accusé et pris connaissance de ses différentes déclarations, ne le croit pas. Autant de mensonges, autant d’imprécisions, autant de contradictions font en sortes que son témoignage ainsi que l’ensemble de la preuve ne créent pas de doute », a lancé le juge François Landry, en rendant sa décision, en matinée, le 22 octobre.
Les faits reprochés à Serge Lamoureux sont survenus dans l’après-midi du 20 octobre 2014, vers 13h30. Un incendie criminel s’est déclaré dans une résidence du Chemin Bélair à Chertsey. Deux foyers distincts ont été découverts par les enquêteurs.
La preuve a révélé que la propriétaire de la résidence incendiée voulait la vendre. Cette résidence était louée à un individu, qui a avait construit un cabanon à côté de la maison et se serait servi dudit cabanon pour produire du cannabis.
Serge Lamoureux, qui était le voisin contigu de la maison où le feu a éclaté, était intéressé à acheter cette propriété. Des conversations par messages texte et une rencontre a même eu lieu dans laquelle la propriétaire a fait une première offre de 38 000$. L’accusé lui a alors demandé si la maison était assurée, la propriétaire a trouvé la question intrigante. M. Lamoureux a fait une contre-offre de 30 000$ qui fût refusée.
Le matin de l’incendie, vers 10h10, la propriétaire de la résidence a envoyé un message texte à l’accusé dans lequel elle lui a demandé si une décision avait été prise pour l’achat de la résidence.
Au procès, Serge Lamoureux a témoigné que lorsqu’il a reçu un appel concernant la maison où a eu lieu l’incendie, il s’est rendu sur place et a vu une trappe au niveau du grenier. « Il y a une petite fumée qui sort de la trappe », a-t-il dit. L’accusé a alors aperçu un escabeau, il l’a prend, monte et voit au fond de la maison par la trappe au grenier des étincelles. Il essaie « de taponner avec ses mains » et il vient à bout de l’éteindre et redescend. Il retourne chez lui.
Après avoir dit à son garçon de se rendre au poste, Il appelle le 9-1-1 et sa femme prend la relais. De chez lui à la caserne, cela prend environ de 2 à 3 minutes.
Pour la Défense, la preuve circonstancielle ne peut amener le tribunal à conclure que l’accusé est coupable.
À l’opposé, la Couronne avait plaidé que le témoignage et l’interrogatoire de l’accusé constituent une histoire cousue de fil blanc. Les éléments qu’ils donnent ne concordent pas.
Pour le tribunal, l’accusé avait l’opportunité de mettre le feu à la maison et avait un mobile pour mettre le feu. De plus, ses nombreuses contradictions démontrent un esprit qui veut tromper les enquêteurs.
Serge Lamoureux, qui demeure en liberté sous caution, reviendra en cour le 3 décembre pour recevoir sa sentence.
« Je vais m’assoir avec mon client pour voir quelle orientation il souhaite donner à la décision du juge », a commenté l’avocat de M. Lamoureux, Me Marc-Antoine Bordeleau.
Suspendu avec solde
Rappelons qu’à la suite de son arrestation et de sa mise en accusation, Serge Lamoureux a été suspendu avec solde, en octobre 2018, de ses fonctions de directeur du service des incendies et de préposé – inspection – suivi des permis à l’urbanisme de la municipalité.
M.Lamoureux est à l’emploi de la municipalité depuis 1979 et est directeur du service des incendies depuis plusieurs années.
Le maire de Chertsey était présent dans la salle d’audience au moment du jugement. Il a déclaré que le conseil municipal de Chertsey se prononcera sur son avenir dès ce soir (22 octobre).