À l’issue d’une assemblée générale qui s’est tenue le 28 septembre à Montréal et en simultanée en webdiffusion dans plusieurs région du Québec, les employé-es syndiqué-es de magasins et de bureaux de la SAQ se sont prononcés, dans une proportion de 96 %, en faveur d’un mandat de 18 journées de grève à utiliser au moment jugé opportun.
Les 300 syndiqué-es de la région de Lanaudière se sont spécialement déplacés au stade olympique de Montréal pour pouvoir voter sur la proposition du syndicat. « Nous espérions que la démarche de négociation exploratoire entreprise depuis le 17 septembre nous permettrait d’en arriver à une entente, mais ce n’est pas le cas. Nous sommes tenus de conserver la confidentialité sur la teneur des discussions qui ont eu cours à la table, mais ce qu’on peut dire, c’est que l’employeur demeure sur ses positions. Nous allons donc utiliser ces journées de grève lorsque nous le jugerons nécessaire pour faire avancer la négociation », a d’abord commenté la présidente du syndicat, Katia Lelièvre.
Précarité et conciliation famille-travail difficile
Les questions de la précarité pour les syndiqué-es à temps partiel constituent encore des écueils importants dans la négociation, estime la présidente du syndicat. « Dans une période de pénurie de main-d’œuvre, on ne comprend pas que la SAQ ne tienne pas davantage à conserver ses employé-es. Cette année, le nombre de démissions est impressionnant : depuis le 1er janvier, il s’élève à près de 600. Les gens sont exaspérés de ne pas travailler, ça se comprend! » explique‑t‑elle. « Bien que l’employeur ait fait preuve d’un minimum d’empathie à l’égard de la problématique, les mesures qu’il propose pour soi-disant contrer la précarité sont loin d’être suffisantes, explique-t-elle. Nous sommes encore loin de la coupe aux lèvres pour régler le manque d’heures de travail des temps partiels. Nous demandons des solutions concrètes pour régler définitivement ce problème sérieux. »
« Persister à maintenir la précarité des emplois de près de 70 % de son personnel, c’est carrément indigne d’une société d’État. Même avec au taux horaire tout à fait honorable, personne ne peut vivre d’un emploi unique qui offre peu d’heures de travail par semaine. Attendre plus d’une décennie avant d’accéder à la stabilité tout en ayant l’obligation de se rendre constamment disponible pour la SAQ impose de cumuler plus d’un emploi et c’est là que la conciliation travail et famille ne tiens plus. La SAQ a une responsabilité sociale comme société d’État et elle se doit de donner l’exemple en étant porteuse de conditions de travail exemplaire », souligne Francine Ranger, présidente du Conseil central de Lanaudière-CSN.
Appauvrissement demandé par l’employeur
« L’employeur demande plus de concessions dans les conditions de travail des employé-es que l’argent qu’il est prêt à leur donner. Une telle dynamique de négociation n’est tout simplement pas soutenable », déplore par ailleurs la présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), Nathalie Arguin.
Pour le président de la CSN, Jacques Létourneau, il n’est pas normal qu’après 21 mois de négociation, l’employeur fasse preuve d’autant de fermeture et de rigidité envers ses employé‑es. « Les offres qui leur sont faites se situent en deçà de l’augmentation qui a été consentie aux employé-es de l’État! s’exclame Jacques Létourneau. Cette position est difficile à comprendre, quand on sait les revenus pharaoniques que génère la SAQ chaque année. Ce que l’employeur leur demande, c’est ni plus ni moins de réduire leur pouvoir d’achat et de s’appauvrir. On va s’opposer à ces demandes jusqu’à ce qu’il entende raison. Nous voulons une entente qui ne viendra pas piger dans les poches des travailleuses et des travailleurs. Nous voulons une entente satisfaisante pour eux et la CSN combattra à leurs côtés tant qu’ils ne l’auront pas décrochée », conclut le président de la CSN.