Pour avoir causé la mort de son ex-copine, Sylvie Deshaies, en juillet 2017, Pierre Courtois a reçu une peine de 81 mois de pénitencier.
La sentence a été prononcée en matinée, le 10 mai, au palais de justice de Joliette, par le juge François Dadour, de la Cour supérieure, devant une salle bondée où la tension était palpable.
« La victime a été privée de sa vie à l’aube de sa cinquantaine, laissant derrière elle deux jeunes adultes et une famille élargie éplorée », a commenté le magistrat dans sa décision d’une vingtaine de pages.
Pour le juge, il existe une culpabilité morale importante puisque l’accusé a persisté dans sa conduite durant 15 minutes avant de passer à l’acte, sachant que la victime était vivante et vulnérable et après avoir parlé à sa fille qui avait tenté de la raisonner.
« C’est une peine qui me semble être dans le bas de la fourchette des sentences en semblable matière. C’est favorable à mon client et nous n’avons pas l’intention d’aller en appel sur ça », a souligné l’avocat de l’accusé, Me Marc Labelle qui suggérait que client soit condamné au temps déjà purgé avec une probation de trois ans.
De son côté, la Couronne, représentée par Valérie Michaud, a mentionné qu’il était encore trop tôt pour dire si elle irait ou non en appel sur la sentence. « C’est un jugement étoffé et on veut prendre un pas de recul. On va lire le jugement à tête reposée avant de décider de la suite des choses ».
Rappelons qu’à quelques jours du début de son procès devant jury pour meurtre non-prémédité, Pierre Courtois avait plaidé coupable à une accusation réduite d’homicide involontaire. Au départ, il était accusé de meurtre au premier degré par le DPCP avait modifié l’accusation lors de l’enquête préliminaire, procédure que l’accusé avait renoncé.
M. Courtois, qui était en larmes lorsque la peine a été prononcée, est détenu depuis son arrestation, le 5 juillet 2017, soit depuis 22 mois, ce qui équivaut à 33 mois de détention préventive. Il reste à l’accusé quatre ans de prison à partir de maintenant.
La famille de la victime déçue
La famille de Sylvie Deshaies s’est dite déçue que le juge n’ait pas condamné l’accusé à une peine de 12 ans, tel que recommandé par la Couronne.
« On aurait aimé plus c’est sûr Le juge a expliqué sa décision avec beaucoup de jurisprudence », a souligné la sœur de la victime, Nicole Deshaies.
De son côté, le frère de Mme Deshaies, Yvon, qui est aussi le maire de Louiseville, a dit espérer que les lois changent en matière de dédommagement des victimes. « Des gens qui écopent des sentences comme celle d’aujourd’hui, il faudrait aller chercher des montants d’argent. Il faut toucher au portefeuille », a lancé Yovn Deshaies.
Rappel des faits
Selon les résumés des faits déposés en preuve devant le juge François Dadour, , la victime et l’accusé se sont rencontrés vers la fin de l’année 2016. Ils se sont fréquentés jusqu’à ce que la victime emménage chez l’accusé au début du mois de mai 2017. La cohabitation entre ces deux personnes a été difficile considérant leur mode de vie incompatible. À la suite de plusieurs désaccords et querelles sur divers sujets, la victime a alors décidé de quitter l’accusé près de deux semaines plus tard.
La séparation fût difficile, surtout du côté de M. Courtois qui avait encore des sentiments envers Sylvie Deshaiies.. De plus, les deux parties s’accusant mutuellement de vols et d’autres torts, notamment par rapport à l’argent. Cependant, le couple s’est réconcilié le 29 juin 2017, la victime est même allé retirer sa plainte contre M. Courtois pour une histoire de méfait sur son véhicule.
Dans la soirée du 4 juillet 2017, Pierre Courtois s’est présenté au domicile de Sylvie Deshaies, cette dernière se trouvait dans un état d’ébriété très avancé. Une chicane éclate à propos d’une autre femme qui aurait assisté à trois spectacles de la Saint-Jean, dans les jours précédents le drame. La victime est furieuse et affirme à plusieurs reprises: « Pourquoi tu m’as fait ça », faisant référence à la présence d’une autre personne.
Elle devient alors agressive envers l’accusé et une altercation s’ensuit. À un certain moment lors de cette altercation, la victime tombe ultimement face première contre le sol. Au moment où il la retourne, il constate qu’elle saigne beaucoup du visage et qu’elle est inconsciente.
Pris de panique, l’accusé sort la victime de la maison dans ses bras et la met dans le coffre de la voiture de la victime. Il quitte ensuite et, toujours en état de panique, se range sur le côté de la route et appelle sa fille.
Il veut se suicider
Selon Pierre Courtois, la victime l’a frappé à plusieurs reprises, que ce dernier a encaissé le choc en pleurant et que d’un geste brusque, il a repoussé avec trop de force la victime qui est alors tombée face contre le sol. Du côté de la Couronne, celle-ci était plutôt d’avis que la version que l’accusé a donné à sa fille immédiatement après les faits, et que cette dernière a répété au répartiteur lors de l’appel 911 reflète davantage la réalité, soit en résumé que la victime a commencé à le frapper, et qu’ils ont ensuite échangé des coups, de sorte qu’il croit à ce moment l’avoir tué.
En état de crise, il mentionne qu’il a ensuite mis la victime dans le coffre de la voiture, et qu’il s’apprête à se suicider lorsqu’un camion passera devant lui sur la route. La fille de l’accusé le décrit à ce moment hors de contrôle, désorganisé, il crie et il est en pleurs, au point où sa fille n’arrive pas à déceler ce qu’il lui dit avant plusieurs minutes..
La victime est alors semi-consciente et somnolente. Pierre Courtois a ensuite suite le volant et conduit la voiture sur la route 158, jusqu’au moment où il dévie volontairement devant un camion-remorque et cause alors une collision frontale, en étant indifférent que la victime en décède ou non.
La collision provoquera immédiatement un violent incendie dans la voiture. L’accusé sort alors de la voiture et la contourne pour tenter d’en extraire la victime. Pour se faire, il brise la vitre d’un coup de coude, ce qui lui causera notamment des brûlures aux bras. Devant son incapacité d’extirper la victime des flammes, l’accusé s’est allongé sur le dos au sol à côté de la voiture du côté conducteur, disant à répétition « pourquoi je ne suis pas mort ».
L’autopsie de la victime démontrera que cette dernière n’était pas décédée au moment de la collision. Elle est décédée des suites d’une asphyxie secondaire à une privation d’oxygène causée par l’incendie.